Quentin Tarantino
 : The Eight Year Itch


Non, cette fois, le nouveau Tarantino est malheureusement loin d’être un chef-d’œuvre – « The Hateful Eight » ressemble plutôt à un exercice de style sans véritable envie de se démarquer.

Un huis clos bien brutal, mais sans véritable intérêt.

Un huis clos bien brutal, mais sans véritable intérêt.

Quelque part à l’ouest des États-Unis au 19e siècle. Tandis que les relents de la guerre de Sécession empoisonnent toujours l’atmosphère et qu’un hiver extrêmement froid rend la vie encore plus difficile, huit personnes se retrouvent coincées dans une cabane au milieu du désert blanc par un temps de blizzard. Parmi eux, les chasseurs de prime John Ruth et Marquis « Major » Warren, Daisy Domergue – prisonnière du premier -, un Mexicain mystérieux qui s’appelle Bob, un cowboy taiseux répondant au nom de Joe Gage, le nouveau shérif de Red Rock Chris Mannix, le nouveau bourreau de la même ville, un vieux général sudiste et un dernier invité surprise.

Au cours du huis clos qui va se dérouler pendant les jours qui suivent – car il faudra attendre la fonte des neiges avant de pouvoir se rendre à Red Rock -, le spectateur aura droit à un condensé de passions, personnelles et politiques, qui se déroule entre les personnages et qui ne va pas tarder à déclencher des pulsions meurtrières – mises en scène de façon ultraviolente, comme on le connaît chez Tarantino.

Est-ce parce qu’il se répète ? Car, avant « The Hateful Eight », chaque nouveau film de Tarantino était dédié à un genre différent, revisité par celui qui refuse toujours de se faire appeler « metteur en scène ». Après « Django Unchained », on était donc en droit de s’attendre à ce que Tarantino change de cheval et s’adonne à autre chose que tourner encore un western.

Eh bien non, même si la majorité du film se déroule en huis clos, le codage du film et des personnages est un « cut-up » cent pour cent western – avec une bande originale composée expressément par Ennio Morricone comme cerise sur le gâteau.

Ce qui agace dans « The Hateful Eight », c’est le manque de personnage culte. Chaque œuvre de Tarantino en comportait au moins un, que ce soit le « Bear Jew » d’« Inglourious Basterds » ou encore John Travolta en tueur névrosé dans « Pulp Fiction ». Mais ici, à part le « Major » Warren, ancien soldat noir de l’armée du Nord, campé par un Samuel L. Jackson bien en forme, pas de figure mémorable – ni de réplique d’ailleurs. Un peu comme si les bons dialogues avaient tous été épuisés par « Django 
Unchained ».

Certes, ce nouveau film contraste beaucoup par la forme avec le précédent – l’un étant un voyage initiatique vers la vengeance et finalement la dignité humaine, l’autre se déroulant en huis clos -, mais à part ça, la recette reste un peu la même.

Le mot « nigger » fuse un peu de partout, la guerre civile entre Nord et Sud étasuniens est rejouée et finalement assumée, et la violence, la méfiance et l’appât du gain, financier comme personnel, définissent tous les protagonistes.

Ce qui les rend étrangement plats et fades : même si on avait l’habitude de voir les personnages des films de Tarantino comme un amoncellement de clichés plutôt que la reconstruction d’une personne réelle, « The Hateful Eight » est bien le premier film dans lequel ce procédé montre ses limites.

Pourtant, on doit concéder une chose au maître : celle d’avoir su faire un film de trois heures sans qu’il en paraisse long pour autant. Au moins ça de gagné. Sinon, « The Hateful Eight » n’est à recommander qu’aux aficionados de westerns, parce qu’ils y reconnaîtront sûrement des tonnes de détails et d’indices sur d’autres classiques issus de cette galaxie cinématographique, et aux inconditionnels de Tarantino.

Aux Utopolis Kirchberg et Belval.

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