Suite à la conférence de presse donnée par le Collectif réfugiés (LFR) ce jeudi dernier, le ministère de l’Immigration a cru bon s’expliquer, s’aliénant encore un peu plus les ONG et ne présentant toujours pas d’alternatives à la rétention.
Alors que les associations réunies dans le cadre du Collectif réfugiés (LFR) ont fait part de leur colère jeudi matin, mettant en cause le ministère de l’Immigration comme celui de la Famille, Jean Asselborn a tenu à réagir. Dans une prise de position adressée aux médias, son administration ne répond toutefois pas aux doléances des ONG, mais donne des explications techniques qui justifieraient les traitements dénoncés par le LFR.
En cause, des traitements comme l’enfermement d’enfants dans le centre de rétention, possible pour une durée pouvant aller jusqu’à sept jours – alors qu’avant elle était de 72 heures. Le ministère se justifie : « ll est fréquent que des membres de familles se soient cachés lorsque la police des étrangers essaye de les amener au Findel en vue de leur éloignement. La police a besoin de plus de temps pour retrouver toutes les personnes à éloigner et ceci surtout quand il est question d’un vol retour par charter. Il arrive également que des problèmes avec les ‘traffic and landing rights’ se présentent juste avant une mission de retour forcé par charter. La durée de rétention de 72 heures s’avère donc trop courte pour régler ces problèmes. » Une explication uniquement technique qui ne se réfère en rien aux revendications des ONG à trouver des alternatives à la rétention – surtout quand il s’agit d’enfants.
Quant au Shuk, la structure d’hébergement d’urgence au Kirchberg, qui abrite les « cas Dublin », l’administration persiste et signe aussi : « La structure a justement comme but d’éviter que les personnes tombant sous le champ d’application de Dublin s’acclimatent au Luxembourg. Elle vise aussi à limiter les nouvelles arrivées de mouvements secondaires tout en favorisant les transferts volontaires vers les pays responsables. La Shuk a aussi comme objet de lutter contre les abus. » Et pas un mot sur le fait qu’il y a de nombreuses personnes dans cette structure qui ne sont pas des « cas Dublin », parce qu’elles ont été forcées à donner leurs empreintes dans un autre pays – souvent l’Italie après le passage par la Méditerranée.
Finalement, il semble que le LFR se soit seulement trompé sur un point : le projet de loi récemment déposé par Jean Asselborn ne tend pas à allonger la durée de la rétention.« La seule modification opérée à l’article 120 de la loi précitée est une division de l’article déjà existant en deux alinéas différents, sans modification du contenu de l’article. Ainsi, la durée maximale de la rétention, telle que prévue par l’article 120 précité, reste de 6 mois au total, les décisions de placement en rétention étant prises de mois en mois et sont prorogeables à 5 reprises au maximum sous les conditions prévues par la loi », nous explique l’administration.
Certes, c’est une petite bonne nouvelle, qui ne change tout de même rien au fait que le gouvernement ne cherche pas vraiment à améliorer la situation difficile de ces gens, mais que son approche est purement technocratique et gestionnaire.