Cinquante ans de carrière, ça n’est pas rien : regard sur l’exposition rétrospective consacrée à Robert Brandy, au Musée national d’histoire et d’art.
Sa silhouette, avec sa moustache et son chapeau vissé sur la tête, est devenue un symbole au Luxembourg. Actif depuis cinquante années, Robert Brandy est aujourd’hui aussi populaire que reconnu dans son pays, mais également à l’étranger. Le jeune artiste fait ses classes à Aix-en-Provence auprès de Vincent Bouliès, cheville ouvrière du mouvement Supports/Surfaces. Il décide de se consacrer exclusivement à la peinture dès 1972, d’abord dans le sud de la France, puis, rapidement et définitivement, au grand-duché, en 1976. Car c’est ici qu’il veut vivre… et de son art ! S’ensuit notamment une polémique provoquée par une interview dans le magazine forum, en 1988, où Brandy affirme qu’un artiste n’a pas à exercer d’autre profession. Les professeurs d’arts plastiques avec une carrière annexe apprécient peu, on le boude pendant des années, mais l’exemple est donné : voilà le chemin pavé pour la professionnalisation de ses confrères et consœurs.
L’exposition, au quatrième étage du MNHA, balaie en une bonne cinquantaine d’œuvres l’ensemble de la carrière du peintre. Elle ambitionne ainsi de « suivre sa démarche et de comprendre l’évolution de son langage plastique ». Le jeune Brandenburger, pas encore fixé sur sa signature, tâte du cubisme, se frotte à Cézanne, aborde ses premiers collages en 1975. Au fil des années, son style s’affine, Brandy émerge, des cycles se dégagent : à la fin des années 1970, le voilà dans sa période blanche. Un impressionnant diptyque entre autres est exposé à la Biennale de Paris ; un diplomate bahreïnien y voit le désert de sa région natale, et le peintre se trouve exposé à Manama. Déjà une carrière internationale se construit, avant même le retour à la couleur en 1981 – un passage par le noir aura lieu en 1992-1993. De plus en plus, le châssis devient un élément des œuvres à part entière. On a parfois l’impression que l’exposition est un récit d’aventures en peinture, ce qui n’est pas désagréable. Le mouvement provient autant des travaux exposés que des commentaires biographiques.
Autre curiosité piquante de l’univers de Robert Brandy, son alter ego Bolitho Blane se voit consacrer une large partie de l’exposition, avec deux vitrines conçues spécialement pour celle-ci. De quoi lever un peu le voile sur ce mystérieux personnage tiré d’un roman de Dennis Wheatley, que l’artiste convoque dans des installations ou utilise comme pseudonyme pour certaines toiles. À travers ce processus, Brandy se met en quête de lui-même et d’un passé fantasmé. Le présent est ainsi remis en perspective, créant un vortex temporel fascinant. Une vraie démarche intellectuelle qui se greffe sur l’artistique – mais on n’en attendait pas moins de quelqu’un qui revendique l’art comme activité principale.
Les œuvres exposées sont complétées sur place par un documentaire de 17 minutes dans lequel Robert Brandy raconte diverses anecdotes sur sa carrière, ainsi que par un court vidéoguidage. Les deux étant disponibles en ligne, on pourra se persuader sans bouger de chez soi de l’intérêt d’une visite ; mais celle-ci ne saurait être trop conseillée aux amatrices et amateurs d’art, tant pour la rétrospective réussie que pour la piqûre de rappel sur un artiste qui compte bien compter encore au Luxembourg.
Au MNHA, jusqu’au 28 novembre.
Visite virtuelle, documentaire et vidéoguidage par l’artiste : mnha.lu/fr/expositions/robert-brandy-face-a-lui-meme
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