
Les deux militants ont disparu le 15 janvier 2023. Une délégation d’ONG est venue demander des comptes à Ternium, au cours d’un rassemblement devant le siège de la multinationale. (Photo: Fabien Grasser)
Le dimanche 15 janvier 2023, Ricardo Lagunes et Antonio Díaz étaient kidnappés sur une route mexicaine, où leur camionnette avait été retrouvée criblée de balles, mais sans trace de sang. Depuis, on est sans nouvelle d’eux. Ricardo Lagunes est un avocat, âgé aujourd’hui de 43 ans. Antonio Díaz est un enseignant de 73 ans, militant environnemental et leader indigène d’Aquila. Dans cette ville du nord-est du Mexique, les deux hommes défendaient les intérêts d’une communauté lésée par l’implantation d’une mine de fer appartenant au sidérurgiste Ternium. Ce groupe à capital italo-argentin emploie plus de 20.000 personnes sur 18 sites de production et d’extraction, tous situés sur le continent américain. Mais c’est à Luxembourg que la multinationale a domicilié son siège mondial. Ce mercredi 15 janvier, deux ans jour pour jour après la disparition des deux hommes, une quinzaine de militantes et militants des droits humains s’étaient donné rendez-vous devant l’immeuble où la société possède ses bureaux, boulevard Royal. Muni·es d’affiches à l’effigie des disparus, ils et elles ont observé une minute de silence en brandissant des bougies « qui symbolisent l’espoir des familles de voir leurs proches revenir », selon Jean-Louis Zeien, coordinateur de l’Initiative pour un devoir de vigilance, un collectif qui exige le respect des droits humains et environnementaux par les multinationales. Au cours de cette « cérémonie », les activistes luxembourgeois·es ont pu s’entretenir par visio avec le petit-fils d’Antonio Díaz, qui a dit sa colère face à l’inaction de Ternium, mais aussi des autorités luxembourgeoises et mexicaines. Ils et elles ont également échangé avec Alejandra Gonza, l’avocate des familles des disparus, qui s’exprimaient depuis Washington, où un rassemblement identique a eu lieu devant l’ambassade du Luxembourg. Une représentante du département d’État américain y a notamment participé. Les familles ainsi que les organisations engagées à leurs côtés accusent Ternium d’être complice de l’enlèvement, au moins indirectement. Elles exigent de la multinationale qu’elle mette en œuvre les puissants leviers économiques dont elle dispose pour retrouver leurs proches, en lançant notamment un appel aux ravisseurs. Alors que les ONG luxembourgeoises tentent de dialoguer avec Ternium depuis deux ans, leurs demandes et courriers restent lettre morte. Leurs membres ont toutefois pu remettre une nouvelle missive à une employée du groupe, qui les a reçu·es sur le pas de la porte d’entrée des bureaux de la société. Ils y appellent Ternium à ses responsabilités et demandent que les familles des deux disparus soient reçues par la direction, lors de la prochaine assemblée générale du groupe, qui se tiendra en mai à Luxembourg.
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