L’Observatoire de l’islamophobie au Luxembourg (OIL) vient de publier son rapport 2018 et constate que les actes islamophobes sont légèrement en recul.

(©OIL – Screenshot woxx))
Officiellement constitué en mars 2019 en tant qu’association, l’OIL travaille depuis 2017 au recensement des actes islamophobes au grand-duché – ce qui lui permet de suivre leur évolution, voire leur relative diminution. Présidé par Yves Boden, un fonctionnaire à la retraite proche de la Shoura (il avait notamment été l’intermédiaire entre cette dernière et les médias après les attentats de Paris en novembre 2015), l’OIL a donc consulté pas moins de 340 citoyen-ne-s résident-e-s au Luxembourg de confession musulmane (avec un peu plus d’hommes que de femmes) sur comment ils et elles vivent leur religion au quotidien.
Du point de vue socioéconomique, la plus grande partie des personnes consulté-e-s ont indiqué être ouvrières ou ouvriers, suivis des employé-e-s et des cadres ou professions intellectuelles. L’OIL a aussi recensé la situation maritale, les enfants et l’« appartenance ethnoraciale reflétée par l’apparence physique et le nom des participant[-e-]s ». 65 % s’autoperçoivent comme blancs, 19 % comme arabes et 1,5 % comme noirs, la plupart portant un nom à consonance étrangère (41,5 %).
Quant aux signes extérieurs portés par les croyant-e-s, 27,4 % des hommes indiquent porter la barbe et 29,7 % ne portent aucun signe religieux. Pour les femmes, 13 % portent le voile et seulement 1,5 % le niqab – l’étude indique d’ailleurs : « Le nombre de femmes portant le niqab (…) au grand-duché de Luxembourg est estimé à 15, un tiers d’entre elles a participé à notre étude. »
À la question de la présence de l’islamophobie au Luxembourg, 59,7 % répondent par un oui, contre 40 % qui ne disent pas la percevoir. Pourtant, une majorité est d’avis que les musulman-e-s au Luxembourg sont mieux intégré-e-s et moins discriminé-e-s que dans les pays frontaliers. Dans ce sens, seules 26,2 % des personnes interrogées ont dit avoir perçu concrètement de l’islamophobie en 2018 contre 38,2 % en 2017, et la proportion de celles et ceux qui ont vécu des expériences islamophobes est tombée en conséquence aussi de 25 % à 21,2 %.
Les lieux les plus exposés à des expériences désobligeantes pour les croyant-e-s sont le travail (52,8 %) et les médias (45,6 %), la voie publique (31,2 %) étant ex aequo avec la politique. Cette dernière est surtout dans le viseur pour des questions parlementaires posées par des membres de l’ADR et du CSV qui visent particulièrement la communauté musulmane.
Bref, une pas trop mauvaise nouvelle pour commencer la nouvelle année – même si du point de vue de la lutte antiraciste, il reste du pain sur la planche aussi au Luxembourg.