C’est bien connu; après sept années de vie commune, il y a souvent comme un essoufflement dans les couples.
Didier Bourdon a choisi d’approfondir le sujet avec moins de sérieux encore que la presse féminine dans
„7 ans de mariage“.
Le film s’ouvre sur le couple que forme Alain (Didier Bourdon) et Audrey (Catherine Frot), en plein sauvetage raté des apparences. Plutôt bourgeois, Alain et Audrey font leur possible pour ne pas s’exaspérer plus que d’ordinaire afin de ne pas perturber leur petite fille de huit ans.
Lorsqu’un jour, Audrey, jusque-là réfugiée dans une frigidité de bon aloi, surprend Alain à reluquer la voisine d’en face, la mèche s’allume. Audrey reproche à son époux son goût pour les films porno, les sites cochons, bref, ses idées lubriques, aussi sûrement qu’elle ne veut pas d’un obsédé à la maison. L’époux lui rétorque, de manière peu subtile, que si elle se dispensait de porter des culottes à dix balles avec protège slip toute l’année, il n’éprouverait peut-être pas l’envie de regarder chez la voisine.
Alain, quelque peut perturbé par tant de pruderie, se demande s’il n’y a pas comme une usure proche de la rupture et décide d’aller consulter son ami sexologue pour s’entendre dire que cet endormissement du désir n’est pas fatal.
Il se voit donc prescrire un remède souverain consistant à emmener Audrey dans ses fantasmes et à l’inviter à y jouer un rôle actif. Embarrassé, le mari hésite, se demande comment il parviendra à placer, devant son épouse, ce langage grivois qu’il ne s’autorise qu’en rêve. Il se lance pourtant à l’assaut de l’imprenable citadelle que représente pour lui Audrey, non sans prendre quelques râteaux au passage de premières tentatives plutôt maladroites.
Contre toute attente, Audrey semble pourtant prendre goût à la plongée sensuelle, passant de sex-shops en clubs échangistes, non sans faire un détour par une boutique de lingerie féminine où la vendeuse semble éveiller comme un désir enfoui chez Audrey.
Le mari, éberlué par cette épouse capable d’aller bien plus loin qu’il ne l’aurait fait, se retrouve soudain un peu largué, comme inhibé devant la frivolité toute neuve de madame. Le coup classique de l’arroseur arrosé.
Si Didier Bourdon arrive à finement autopsier le phénomène de l’usure du couple dans la première partie du film, il tombe par la suite dans le piège de la gaudriole convenue, usant de gags éculés faisant craindre, non plus l’endormissement du couple, mais bien celui des spectateurs.
Heureusement, Catherine Frot parvient à rehausser le niveau par son jeu irréprochable, évoluant entre ironie rentrée et sérieux imperturbable, le tout avec une aisance pétillante. Les personnages secondaires apportent aussi, de temps à autre, une nouvelle touche comique, mais rien d’inoubliable.
Séverine Rossewy