Sorti en France il y a deux mois, „Bienvenue chez les Rozes“ de Francis Palluau passe actuellement sur les écrans luxembourgeois.
Tout débute lorsque deux dangereux repris de justice décident de s’évader lors d’un transfert de prison. Ils se retrouvent, l’un menotté et l’autre blessé à la jambe, épuisés et à bout de force, poursuivis par la police. C’est alors qu’ils cherchent refuge dans une charmante maison, d’apparence plutôt sympathique: la demeure de la famille Rozes.
Les gangsters ayant planifié de prendre cette famille en otage, interrompent la paix du couple alors qu’il s’apprêtait à fêter son anniversaire de mariage. Cependant, ce que les malfrats n’avaient pas prévu, c’était de tomber sur une famille aux apparences des plus normales, mais qui s’avère, en réalité, complètement déjantée.
On assiste alors à un terrible et comique retournement de situation. Les Rozes, d’abord très coopératifs et conciliants avec leurs ravisseurs, finissent par casser tout ce qui leur déplaît sur leur passage, sous prétexte qu’il suffira de faire porter tout simplement le chapeau aux deux évadés. L’enfermement des Rozes dans leur propre demeure fait ressortir dans cette famille, au prime abord modèle, toutes les frustrations ainsi que les pulsions meurtrières enfouies, et ce, en toute impunité: „Une charmante maison n’abrite pas forcément une charmante famille“.
Palluau semble s’être imprégné des faits divers aussi clichés que cyniques, et quelque part aussi malheureux, de notre société. Finalement, ce sont les truands qui deviennent les victimes de cette aventure. A ce moment du film, leur unique but rejoint celui du début: prendre leurs jambes à leur cou et filer.
Présenté comme un film avec un humour plutôt corrosif, „Bienvenue chez les Rozes“ s’avère être une comédie quelque peu légère. Toutefois elle réussit, grâce à certains dialogues bien sentis et quelques gags, à divertir et parfois même à faire rire, où l’humour noir, quelquefois cruel, est utilisé avec nonchalance.
En fait, le bémol de cette réalisation serait à attribuer aux personnages, qui manquent un peu de profondeur, bien que les acteurs soient épatants. Carole Bouquet est toujours aussi splendide dans un rôle plutôt inhabituel, alors que Jean Dujardin, faisant ses débuts sur grand écran après sa fulgurante ascension dans la sitcom „Un gars, une fille“, interprète parfaitement un gangster quelque peu sensible.
Prouesse soporifique?
Néanmoins, „Bienvenue chez les Rozes“ n’a pas eu, en France, que de bonnes critiques. On lui reproche souvent d’avoir un scénario trop léger, des dialogues creux, voire plats, ainsi qu’un rythme de croisière soporifique. Certaines critiques se sont violemment défoulées sur cette production alors que d’autres, bien que le film ne soit pas un véritable chef-d’oeuvre, la qualifient de remarquable prouesse, débordant de cynisme et d’humour décalé.
„Bienvenue chez les Rozes“ reste néanmoins une comédie agréable que l’on a plaisir à regarder. Le film nous mène pendant une heure et demie dans cette histoire quelque peu tordue, mais finalement pas si loin de la réalité. En effet, il suffit parfois d’un tout petit déclic dans le train-train quotidien d’une famille, pour découvrir le vrai visage de ces personnes. Un visage qui était caché derrière ce que l’on peut appeler le „masque de l’apparence“. Ne dit-on pas „trop poli pour être honnête“ …
Céline Rietsch