Avant que la Guerre des Etoiles déboule dans
nos salles obscures, Ridley Scott nous jette de la poudre aux yeux en orchestrant en grande pompe la Guerre Sainte.
Avec „Kingdom of Heaven“, Ridley Scott confirme une bonne fois pour toutes qu’il est le maître des films d’action historiques. Après avoir relancé la mode des péplums avec „Gladiator“, il s’intéresse désormais aux croisés – et comme il se doit pour un réalisateur hollywoodien, il n’a pas lésiné sur les moyens. 6.000 tonnes de plâtre pour recréer la Jérusalem du XIIe siècle, 15.000 costumes et plus de 110 millions $ de budget – heureusement que le film a connu le succès au box-office américain.
Le protagoniste – un forgeron français qui, au XIIe siècle, choisit de prendre part aux croisades pour trouver la paix et le pardon de Dieu à Jérusalem – lui sert uniquement de prétexte pour étaler sur grand écran des scènes de bataille impressionnantes. La reconstitution des croisades est véritablement incroyable: les images sont magnifiques, les décors fabuleux, les figurant-e-s se bousculent par centaines de milliers dans un Moyen Age virtuel. Le tout est filmé avec fougue et énergie – l’on aura rarement vu des séquences d’action aussi ambitieuses et aussi réussies.
En dehors de ces considérations esthétiques, Scott a également réussi un film politiquement plutôt correct: contrairement à ce que font nombreux de ses collègues, le réalisateur refuse la représentation manichéenne d’un monde en noir et blanc, divisé en „bons“ et en „méchants“. Entre chrétiens et musulmans, les frontières idéologiques et morales ne sont pas clairement tracées. Ainsi „Kingdom of Heaven“ réussit-il à apporter un éclairage intéressant sur les relations inter-religieuses, en se penchant surtout sur les motivations à l’intérieur de chaque camp. Même „L’Humanité“, pourtant pas prédisposée à s’enthousiasmer pour les grosses machines hollywoodiennes, a avoué que „l’entente cordiale entre Saladin, chef des musulmans, et son homologue chrétien, Baudouin IV“ était „une belle pique contre l’Amérique intolérante de 2005“.
Le casting s’avère très réussi: Orlando Bloom tire son épingle du jeu de manière plus qu’honorable. Même s’il n’a pas complètement changé de registre par rapport au personnage de Legolas, le chevalier aux oreilles pointues du „Seigneur des anneaux“, il surprend par la qualité de son jeu.
A force de faire l’éloge des massacres en 3D concoctées par Scott, on en viendrait presqu’à oublier que son film ne se veut pas être une glorification de la guerre. Il cherche au contraire à faire passer un message pacifique, en montrant à quel point un homme peut s’investir dans une lutte dont il ne comprend même pas les raisons. Si certains ont vu dans „Kingdom of Heaven“ un „magma baroque“, les amateurs et amatrices du genre ne seront pourtant pas déçu-e-s.