A l’occasion des fêtes de fin d’année, l’éditeur Dargaud a décidé de faire plaisir aux bédéphiles admirateurs de Christophe Blain avec la sortie, en série limitée, de l’intégrale du premier cycle d'“Isaac, le Pirate“.
Souvenez-vous, le premier tome, paru en janvier 2001, avait fait grand bruit, faisant de Christophe Blain un des représentants de la nouvelle génération des auteurs de bande dessinée. Une génération qui se veut incisive, originale et totalement décomplexée. L’auteur concrétisa d’ailleurs tous les espoirs placés en lui en emportant l'“Alph-Art“ au festival de la bd à Angoulême en 2002.
Le sujet d'“Isaac, le pirate“ en aurait pourtant rebuté plus d’un, tant on a usé et abusé du thème de la piraterie, parfois avec bonheur (l'“Epervier de Pellerin“), d’autre fois sans tenir les promesses d’aventures enivrantes que le lecteur est en droit d’attendre. Blain y parvint dès les premières cases, embarquant pour une histoire magnifique, pleine de fantaisie, où la piraterie n’était que prétexte et la vérité historique absente des préoccupations de l’auteur.
Pirate malgré lui
Son héros, un brave homme prénommé Isaac, est un peintre menant la vie de bohème, entraîné malgré lui dans une histoire incroyable. Recruté par un pirate célèbre contre quelques pleines bourses de pièces d’or, sa mission consiste à immortaliser de ses dessins, un voyage aux confins des terres connues et inconnues. Un pirate à l’âme d’explorateur, un équipage de matelots tous plus farfelus les uns que les autres et un jeune peintre idéaliste mué en journaliste de bord, voilà les ingrédients de cette histoire originale. Le peintre devra se familiariser tant bien que mal avec la vie à bord, la piraterie, les î les lointaines où de superbes femmes ne rêvent que d’aventures pour tromper l’ennui et accessoirement, leur mari. Le jeune Isaac en fera les frais, lui qui a laissé sur la terre ferme sa douce Alice obligée de trouver un travail pour subsister. Le hasard la mettra sur la route d’un gentilhomme au charme certain, Philippe du chemin vert. Le lecteur est généreusement emmené dans les aventures d’Isaac, captivé comme le peintre, envoûté par le suspens amoureux qui se met en place dans ce premier tome.
Connaissant la vie de l’auteur, il n’est pas surprenant qu’il ait choisi un peintre pour héros puisque lui-même fut dessinateur militaire dans la marine. „Je me suis retrouvé dans une situation similaire à celle d’Isaac lorsque je suis parti au milieu d’un groupe d’aventuriers, il est donc normal que le contexte de l’aventure d’Isaac s’appuie sur mes propres expériences. D’autre part, j’avais envie de dessiner des choses qui m’amusent, qui auraient fait rêver le gamin que j’étais. J’avais envie de dessiner de grands espaces, des scènes d’action, des bateaux, des aventuriers, des paysages un peu exceptionnels tout en racontant des histoires d’amour ou d’amitié. Finalement, l’aventure est pour moi un décor, un souffle et un amusement mais dans le fond, c’est autre chose qui m’intéresse.“
Aventures et aventuriers
Outre celles d’Isaac qu’il dessine et écrit seul, Christophe Blain partage aussi d’autres aventures, notamment avec Joann Sfar pour „Socrate et le demi-chien“, autre maî tre de la jeune génération et sorte d’alter ego de Blain, tant leurs univers sont rapprochés: „on est d’une famille de dessin qui est vraiment très proche, Joann et moi. D’ailleurs, on s’inspire l’un et l’autre, et souvent, nos références sont communes. Notre collaboration est extrêmement naturelle, la principale difficulté venait du fait que, comme nos univers étaient très proche, il fallait se surprendre. Il a fallu attendre un peu, sans essayer de prévoir ce qu’allait faire l’autre dans le scénario ou le dessin.“ Cette nouvelle vague d’auteurs à l’avantage de se retrouver dans la collection poisson pilote chez Dargaud. Guy Vidal, son directeur, a réussi le pari de réunir une partie des auteurs du mouvement de l’Association, tels que Trondheim, David B, Sfar et Blain, tous issus de cette école où l’imaginaire et la personnalité l’emporte sur tout impératif commercial. Pour la collection poisson pilote, Vidal s’emploie à respecter l’engagement de ses auteurs tout en imposant les contraintes minimales liées à la grande édition. Un dosage réussi qui aura permis au grand public de découvrir une génération d’auteurs qui font déjà référence.
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