JAZZ: Politique et libre

Jamaaladeen Tacuma possède – outre un nom mal prononcable – beaucoup d’atouts: il a côtoyé l’inventeur du free-jazz et il combine son style unique de bassiste électrique à son engagement politique.

Jamaaladeen Tacuma est une légende dans son genre et c’est assez rare que des gens comme lui trouvent leur chemin vers notre petit duché. Une autre particularité est que, pour une fois, un „grand“ du monde de la musique ou des arts en général n’a pas été engagé par le cerf bleu. Tout au contraire: il ne va même pas faire l’honneur à la capitale mais jouera dans un village situé au nord-ouest du pays, Redange. Ce village compte un atout non négligeable par rapport à la capitale et aux autres institutions culturelles dispersées ça et là dans le pays: la brasserie „L’inouï“, qui organise de fabuleux concerts de jazz pour une clientèle fidèle. Quoique ces soirées soient un peu hors de prix pour les petits budgets, le fait que cette salle privée soit encore en vie est la preuve de son succès durable. Surtout quand elle peut se permettre d’inviter des gens comme Jamaaladeen Tacuma sans pour autant inonder le pays entier de pub nauséabonde.

Jamaaladeen Tacuma est né en 1956 à New York et il appartient à cette sorte de musiciens qui disposent d’un don par naissance. Comment expliquer autrement qu’il a fait ses premiers pas dans son adolescence aux côtés de l’organiste Charles Earland avant de rencontrer Ornette Coleman à l’âge de seulement 19 ans. On est en 1975 et Coleman – qui vient de changer le visage du jazz pour toujours avec ses disques free-jazz controversés pendant les années 60 – se dirige dorénavant vers un style plus funky. L’invention du free funk est ce à quoi il aspire en ce moment. Et la performance de Tacuma est exactement ce dont il a besoin. Non seulement celui-ci est bassiste électrique, ce qui confère déjà à la musique une sonorité plus dure et plus agressive que la contrebasse traditionnelle, mais il possède aussi la technique nécessaire au funk: au lieu de jouer avec ses doigts de la main droite, il n’utilise souvent que son pouce, renforçant ainsi la technique du thumb-slapping. Sa collaboration avec Coleman englobe cinq albums, de „Dancing in Your Head“ en 1976 à „In All Languages“ en 1987 – en passant par „Body Meta“, „Of Human Feelings“ et „Opening the Caravan of Dreams“. Depuis et même entre ces albums avec le maître, Jamaaladeen Tacuma a travaillé avec de nombreux autres artistes de jazz, notamment en tant que leader du groupe „Cosmetic“ qu’il fonde en 1980. Si les années 90 furent plutôt discrètes pour ce grand bassiste, c’est en 2006 qu’il refait surface pour le grand public en participant à l’album „Political Blues“ du très connu „World Saxophone Quartet“. Si quelqu’un cherche encore une bonne excuse pour ne pas sortir à Luxembourg-Ville ce samedi, il devrait se considérer servi.

Jamaaladeen Tacuma, à L’Inouï, ce vendredi 21 et samedi 22 septembre à 20h.


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