Il a changé la face de la musique pop pour toujours sans pour autant trop se la péter : Frank Black, le chanteur des mythiques Pixies revient au Luxembourg.
L’anecdote est connue sous diverses formes de tous les fans de rock indépendant : Au moment de choisir le premier single de l’album qui devrait être leur consécration, Kurt Cobain, le leader de Nirvana, aurait hésité à prendre « Smells Like Teen Spirit », malgré son aptitude à devenir un tube intersidéral. La raison ? Très simple : le leader de Nirvana craignait que ce morceau ressemblât trop aux chansons des Pixies, un groupe qui l’avait beaucoup inspiré dans ses jeunes années. Et même si cette histoire ne devait être qu’une légende urbaine de plus, elle contient un grain de vérité. Car la ligne de basse du tube grunge des 90 pourrait bel et bien être sortie d’un album des Pixies. Tout comme la structure de la chanson qui n’échappe pas au « Verse/Chorus/Verse » du songwriter américain et qui constitue une règle fixe que même Frank Black n’a (presque) jamais rompue.
Qu’avaient-ils donc ces Pixies pour que des milliers de musiciens s’en revendiquent aujourd’hui et rejouent leurs chansons à tout va ? Rien de spécial en fait, ni l’extravagance d’un Iggy Pop, pas d’escapades droguées et chic à la Velvet Underground, ni encore l’expérimentation de Sonic Youth. Ils étaient tout simplement un groupe soudé autour de leur leader, Frank Black, qui a la faculté de transformer une suite de trois accords en une mélodie qu’on ne va pas oublier de sitôt. Mélangez le tout avec des textes cryptiques qui embrassent des thématiques allant de punitions bibliques à des récits de kidnapping par des extraterrestres et une écriture pop faussement conventionnelle – Black adore jouer avec les métriques atypiques – et vous avez une chanson Pixies : facile en apparence, mais inimitable. C’est avec cette simple recette que les Pixies ont changé la face du rock entre 1987 et 1991, et pour certains ils ont même fondé le rock alternatif, sans jamais céder aux tentations du glam et du Big Business. Même si Frank Black a quitté depuis longtemps son label d’origine 4AD et produit lui-même ses disques, après quelques imbroglios avec d’autres labels.
Après les Pixies, M. Black ne met pas longtemps à refaire surface. Le premier album solo « Frank Black » voit le jour en 1993 et jusqu’à aujourd’hui, il a sorti pas moins de 15 albums. Même si son écriture a varié depuis et que l’écho des critiques a parfois été catastrophique, la machine Frank Black roule toujours. D’ailleurs, le songwriter est conscient du fait que ses fans viennent le voir non pas uniquement pour ses exploits en solo, mais surtout pour entendre la voix des légendaires Pixies. C’est pourquoi il n’hésite jamais à relever son set d’une ou deux chansons de son vieux répertoire, même après réformation des Pixies en 2004, pour une tournée sold out. C’est que cet homme a toujours su rester les deux pieds sur terre, tout en transportant ses fans aux cieux.
Frank Black aka Black Francis, à l’Atelier, ce vendredi, 22 février.