Cocorosie est certainement une des découvertes les plus insolites des dernières années : deux sœurs munies de jouets révolutionnent la pop.
Leurs voix sont plus que bizarres et pour cause: Bianca et Sierra Casady sont apparues dans une salle de bain parisienne en 2003. A Montmartre, pour être plus précis. Sierra s’y était établie pour monter sa carrière de chanteuse d’opéra. Une carrière jamais entamée, puisqu’après avoir enregistré plusieurs démos avec sa s?ur, les deux se sont retrouvées propulsées sur les sommets de la pop indépendante, après avoir été découvertes par le label américain Touch and Go Records. Le meilleur dans cette biographie fantastique est justement qu’elle n’est pas fantasmée. Les deux filles sont réellement sœurs et avant que Bianca n’apparaisse sur le seuil de l’appartement parisien de Sierra, elles ne s’étaient pas vues depuis des années, ce qui tient au fait que leurs parents ont divorcé lorsqu’elles étaient encore assez jeunes et aussi parce qu’adolescentes, elles ne s’appréciaient pas particulièrement. C’est ce que dit la légende urbaine qui les entoure, et que chaque fan de Cocorosie – apparemment les petits noms dont les avait affublés leur mère – peut vous répéter à l’infini.
Dotés de cette merveilleuse provenance, ce n’est pas le seul atout de Cocorosie, loin de là. Leur musique aussi semble venir d’une autre planète, empreinte d’une certaine magie innocente qui sent bon l’enfance ingénue ou du moins en rappelle la nostalgie. Cela tient certainement aussi au fait qu’elles utilisent surtout des instruments pour enfants dans leurs chansons, en studio aussi bien qu’en live. Petites guitares en plastique, des mini xylophones et autres gadgets, tout y passe et à tous les sœurs Casady savent insuffler une vie et faire rendre des tonalités que personne n’avait vraiment suspectées. A part ces gimmicks, se sont surtout les voix excentriques – on remarque tout de même que l’une d’elles sait chanter l’opéra – et leur savoir-faire en matière de programmation qui font le charme incongru de la musique de Cocorosie.
Mais il y a aussi un troisième ingrédient, non négligeable. Car on serait tenté de se dire que c’est peut-être un bon concept et un super coup médiatique que de faire de la musique pareille et surtout de cette manière. Mais on pourrait aussi ne pas les prendre au sérieux, en faire l’énième produit d’une société qui ne cherche que le fun et les performances les plus extrêmes. Mais, celles et ceux qui pencheraient dans cette direction se trompent énormément car non seulement les sœurs Casady en sont à leur troisième album, mais aussi leur musique est empreinte d’une certaine gravité et d’une mélancolie qui évacuent rapidement le doute. Ce qui devrait faire de Cocorosie peut-être un groupe controversé, mais celles et ceux qui tombent dans leur marmite magique n’en ressortiront pas de sitôt.
Ce mardi à Esch.