MUSIQUE CLASSIQUE: L’Occident et l’Orient se rencontrent à Echternach

Un dialogue des cultures qui reprend des chants des temps presque antidiluviens, telle est un des points forts de l’édition 2008 du festival d’Echternach.

Attendent leurs collègues qui chanteront «Oommm»:
la Schola Gregoriana Pragensis.

Samedi 21 juin 2008 à 20h30 heures aura lieu à la Basilique d’Echternach un dialogue musical et interculturel qui promet d’être saisissant. La Schola Gregoriana Pragensis, après son concert grandiose en 2007, revient avec un choeur de moines bouddhistes du Japon, le Gyosan-ryü Tendai Shõmyõ, pour un concert appelé « Nahe Stimmen aus der Ferne ».

On peut certainement considérer le chant grégorien comme la base de la musique européenne. Si nous avons l’habitude de concevoir ce vénérable répertoire comme quelque chose de fixe et « monolithique », il a pourtant connu des transformations. Le chant grégorien est lui-même le fruit de plusieurs siècles de créativité et il reste toujours une matière vivante. Pendant toute l’époque médiévale, il ne cessa de s’enrichir de nouvelles formes musicales, et même après, il fut une source d’inspiration pour les compositeurs. La Schola Gregoriana Pragensis a été fondé en 1987 par David Eben. Pendant les deux premières années de son existence, l’ensemble ne fût autorisé qu’à interpréter des chants liturgiques. Cette restriction cessa en 1989 et depuis lors l’ensemble s’est établi comme un des meilleurs interprètes au monde de la musique sacrée médiévale. Grâce à l’étude intensive des sources médiévales, la Schola dispose dans son répertoire d’un certain nombre de compositions uniques et récemment découvertes du 13e au 15e siècle, mais également d’oeuvres contemporaines de la jeune génération de compositeurs tchèques. La Schola Gregoriana Pragensis, est une des rares chorales grégoriennes composée de musiciens professionnels.

Pour le dialogue méditatif entre Orient et Occident de ce soir, la Schola s’est jointe au choeur de moines bouddhistes, le Gyosan-ryü Tendai Shõmyõ (le shõmyõ est le chant liturgique bouddhiste).

Le chant Gyosan-ryü est représenté par les moines de l’école Tendai qui, soumis aux obligations liturgiques de leurs temples titulaires en différentes régions du Japon, se vouent aussi à l’enseignement du shõmyõ et à son exécution hors du contexte liturgique. On considère le Grand-maître Ennin (794-864) comme le fondateur de la branche spécifique Tendai de shõmyõ sur le territoire japonais. Dès le début du XIe siècle, la ville-temple d’Ohara (quartier de Kyoto aujourd’hui), située au pied de la montagne sacrée Hiei, devint le centre du shõmyõ Tendai, particulièrement lié au maître Rionin (1073-1131), réformateur le plus célèbre du shõmyõ. Il unifia en effet les traditions individuelles avec l’école Gyosan-ryü, ainsi nommée en souvenir des monts Yu-chan (Gyosan en japonais) proches du Fleuve jaune, où le ciel révéla pour la première fois au maître Cao Zhi (192-232) les tons de shõmyõ plaisants aux dieux. La secte Tendai a ses origines dans la secte chinoise Tien-tai, qui serait la secte dominante actuellement en Chine. La secte Tendai, la plus éclectique de toutes les sectes japonaises, inclut dans sa pratique tous les enseignements de la doctrine bouddhiste, tout en privilégiant l’étude du sutra du lotus, considéré comme le plus élevé du canon. On y pratique la méditation, les chants et prières, l’étude académique, les arts et l’adoration de la nature. Les pratiques ésotériques, l’utilisation des mantras, des mudras et des mandalas, s’ajoutèrent aux enseignements chinois, une fois le fondateur revenu au Japon. Plus élitiste que la secte Shingon, elle s’adressa d’abord surtout à l’aristocratie. À l’époque Heian, elle acquit un pouvoir politique colossal, grâce à des moines soldats qui construisirent sur le mont Hiei un complexe de quelques trois mille bâtiments. Mais au début de l’époque Kamakura, qui suivra Heian, Oda Nobunaga détruira le temple et le pouvoir de la secte Tendai.

Parmi les personnages-clé de Gyosan-ryü ayant marqué ces dernières décennies, il convient de citer le maître Amano Denchü (1926-2002), qui en fut le supérieur pendant de longues années. C’est à lui qu’il revient d’avoir initié avec David Eben la coopération entre l’ensemble liturgique bouddhiste et la Schola Gregoriana Pragensis.


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