ORDRE MONDIAL: La faim du G8

Face aux crises économique et alimentaire, les leaders du G8 semblent désemparés. Pourtant, ce ne sont pas les seules menaces qui planent sur le monde.

Qui sont-ils ces huit leaders des pays du G8, dont on attend des solutions aux grands problèmes de notre temps, comme s’il s’agissait d’un gouvernement mondial ? Certes, ces huit pays rassemblent le gros de la puissance économique et militaire mondiale. Côté population par contre, ils sont en minorité. De quel droit les représentant-e-s de moins d’un sixième des citoyen-ne-s du monde décideraient-ils pour tous les autres ? Cette situation antidémocratique n’est guère améliorée par la présence, au 34e sommet du G8 à Toyako, des chefs de gouvernements de pays émergents comme la Chine et l’Inde. En effet, une grande partie des populations, notamment africaines et asiatiques, restent exclues. De toute façon, la légitimité démocratique d’une partie des leaders est pour le moins douteuse.

Faut-il alors se réjouir que le prestige du G8 en a pris un nouveau coup, après ce sommet généralement considéré comme un semi-échec ? En matière de politique climatique, il y a eu l’engagement d’une réduction de 50 pour cent des émissions de CO2 des pays du G8 à l’horizon 2050. Cela a une valeur purement symbolique – et est de surcroît considéré comme insuffisant par les experts. Quant à la flambée des prix pétroliers et agricoles, qui frappe de plein fouet les populations les plus vulnérables, le G8 se dit « vivement préoccupé ». Sans pour autant augmenter l’aide alimentaire, comme l’avait demandé la très conformiste Banque mondiale.

S’il y a donc un large accord pour dire que le G8 gère mal les affaires de la planète, l’autre régulateur possible, les Nations Unies, n’en profite pas pour autant : trop proche des intérêts occidentaux aux yeux des pays du Sud, trop indépendante et pouvant remettre en question leur domination mondiale aux yeux des Occidentaux. Ainsi, un affaiblissement du G8 n’ouvre pas la voie à une meilleure gouvernance mondiale, mais signifie en fin de compte moins de gouvernance.

Cela inquiète. Car aujourd’hui le tiers de l’humanité exposé à la pauvreté et à la faim ne constitue pas le seul défi. La faim de ressources des deux tiers restants, vivant dans une certaine prospérité ou en train d’y accéder, représente une menace mortelle pour la biospère aussi bien que pour la paix. Si le G8 n’établit pas une culture de négociation et de compromis sur la répartition des ressources, qui le fera ? Il est indispensable de rendre plus soutenables les modes de vie des classes moyennes occidentales, tout en mettant à disposition les technologies vertes pour limiter l’impact écologique des nouvelles classes moyennes des pays émergents. L’alternative est un monde où, à défaut d’accords, chaque pays continue à polluer et à miser sur les énergies fossiles. Celles-ci étant limitées, des conflits d’intérêts seront inévitables longtemps avant l’horizon 2050. Et à terme des guerres dont on n’ose pas imaginer les conséquences.


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