HARDCORE: Ce n’est qu’un au revoir

Pendant plus de quinze ans, la musique de Defdump a rythmé la vie de l’underground luxembourgeois. Ce samedi, ils remercient leurs fans avec un dernier concert.

Defdump en live: toujours une occasion pour décompresser…

Combien de fois, en passant à côté des salles de répétition de la Kulturfabrik à Esch, s’est-on demandé d’où provenaient ces hurlements et ces bruits tard dans la nuit, alors que le dernier concert était terminé depuis longtemps et que même les groupes avaient pliés bagages? Un connaisseur des lieux aurait répondu sans ciller: « C’est Defdump, ils répètent tous les soirs ici ».

C’est que, pour vraiment arriver à quelque chose dans la musique, il faut travailler, travailler et retravailler avec une discipline de fer. Une discipline d’ailleurs, dans laquelle le groupe de hardcore le plus connu de nos contrées est passé maître. Fondée vers la première moitié des années 90, la formation fait partie de cette première génération de groupes de hardcore qui fréquentent et défendent la Kulturfabrik, alors le seul squat culturel du grand-duché. Avec leur disparition, aucun de ces groupes n’existera plus, même si certains de leurs membres sont encore actifs dans la scène musicale ou restent dans les environs.

La carrière de Defdump prend son envol avec les premières démos publiées sur cassettes et les concerts habituels dans les lieux définitivement peu nombreux où l’on pouvait jouer il y a une bonne décennie. Puis vint l’album « Hempcore », qui pour beaucoup de membres de la scène fût une révélation. C`était comme si on les frappait avec un marteau au visage. Enfin, le Luxembourg avait un groupe qui pourrait attirer l’attention sur le reste de la scène hardcore. Grâce aux connections internationales qui s’étaient déjà construites lorsque la Kulturfabrik était encore un squat, ils ont pu quitter le pays assez tôt pour des tournées et sont – sans doute – le groupe luxembourgeois qui a le plus joué à l’extérieur. Il y trouva aussi d’importants supporteurs, le plus connu étant l’ex-chanteur de Sepultura – groupe mythique brésilien connu planétairement depuis les années 80 – Max Cavalera, lequel ils ont accompagné à plusiers tournées en ouvrant pour son nouveau groupe Soulfly. Cavalera avait même pris l’habitude de porter des T-Shirts Defdump sur des photos et lors d’interviews télévisés.

Pourtant, le groupe n’a jamais vraiment décollé dans le business international. Après la très remarquée EP « David versus Corporate Society », tout le monde s’était attendu à voir en eux les premières superstars du Luxembourg. Mais Defdump a préféré rester fidèle à ses principes d’autoproduction et d’autosuffisance qui ont fait partie intégrante de l’idéologie du groupe, tout comme un engagement envers le végétarisme et toute autre cause altermondialiste qui les concernait dès le début. Après avoir perdu leur batteur initial il y a quelques années, le groupe s’est refait une identité en produisant « This Is Forevermore », un double album épique construit autour d’une histoire qui se trame sur les deux disques. Le concert de release à la Kufa restera dans les annales de la salle, tant elle était bondée – ce qui est rare quand un groupe luxembourgeois y joue. Même si leur style était devenu un peu plus mélodique en penchant vers le metalcore, leur succès n’en a pas pâti.

En avril 2008, pourtant, un communiqué de presse annonça la dissolution du groupe, qui voulait jouer encore trois concerts pour dire au revoir en beauté. Profitez donc de la dernière occasion de rendre hommage à ce premier groupe-phare de nos contrées, ce samedi à l’Atelier.


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