JACQUES-OLIVIER MONON/PIERRE-OLIVIER THEVENIN: Secrets suisses

« Humains » pose des questions philosophiques très intéressantes, malheureusement les réalisateurs ont préféré cacher cela sous un scénario ringard et dépassé.

Salut cousin, tu pourrais pas te brosser les dents avant de me gueuler dessus ?

La plus grande faiblesse de l’homme est sa solitude. Sa plus grande peur aussi. Alors, pour se consoler, ils s’est inventé des dieux – pour n’en garder qu’un à la fin – ou encore des petits martiens, ou encore, comme dans le cas de « Humains », des hommes de Néanderthal qui auraient survécu jusqu’à nos jours.

L’idée en soi n’est pas tellement absurde. Qu’il existe sur notre planète encore assez d’endroits non ou pas assez explorés pour qu’une telle découverte soit possible est comme un coup d’air pour tous ceux qui suffoquent dans ce monde constamment sur surveillance où le moindre de leurs pas est enregistré. Et puis, l’homo sapiens sapiens s’est-il vraiment libéré de tout ce qui est primitif ? A regarder les nouvelles, on en douterait même de temps en temps. Donc, tout ce qui nous sépare de nos « frères » serait réductible à des différences anthropologiques et bien sûr à notre avancée technologique ?

Voilà les questions intéressantes que ce film aurait pu soulever. Pourtant, la mise en scène de Jaques-Olivier Monon et de Pierre-Olivier Thevenin rate sa cible. D’abord par la base. On a le scientifique fou classique décrié par toute sa discipline comme lunatique, mais qui a – par hasard – une assistante chouchoutée et craquante. Manque encore son loser de fils, éperdument amoureux de son ex, qui se trouve être l’assistante de son père. Un pur hasard, quand on vous le dit. Après la découverte d’un crâne mystérieux – en provenance de Russie – ils se mettent à l’assaut du Lötschental en Suisse, lieu de provenance dudit crâne. Mais ce qui aurait pu être sauvé par quelques citations drôles de vieux classiques dans le genre de l’épouvante, est compromis par une bourde qui complique encore plus le scénario. Par hasard encore, notre trio tombe sur une bande de vacanciers, père, mère et adolescente, qui veulent se refaire leur santé et en même temps raccomoder leur vie familiale le temps d’une bonne petite randonnée dans la montagne. Après un accident de voiture – un classique encore – ils se retrouvent dans une étrange vallée où ils vont bientôt côtoyer leurs prédecesseurs dans la lignée de l’évolution.

L’équipée sauvage est malheureusement plus préoccupée à régler ses propres drames émotionnels et ceux de l’adolescente qu’à bien observer ce qui se passe autour d’eux. Ainsi, toutes les bonnes initiatives qui auraient pu se tramer autour de la prise de contact entre les homos neanderthaliensis et leurs cousins, les sapiens sapiens, se résument à des scènes de brutalité et d’hostilité. On ne parle pas aux hommes de Néanderthal, mais on leur coupe la gorge, soit parce qu’ils puent probablement de la bouche ou parce que leur style vestimentaire ne plaît plus. On ne sait pas, mais en tout cas, ils sont primitifs, autres et donc mauvais.

Mais, même si on laisse ces faiblesses à part, le film reste toujours mauvais, dans le sens européen du terme : c’est un méli-mélo de tout qui ne laisse rien au spectateur. Entendez par là qu’il y a bien quelques essais pour faire respirer le film, comme l’évocation cinématographique du classique « Blair Witch Project », mais le fait d’introduire des caméras digitales ne sauve pas le scénario, sauf que peut-être les producteurs des appareils ont payé pour cela.

Retenons donc que le secret le mieux gardé de la Suisse ne sombre pas dans les réserves bancaires, mais dans des grottes et oublions ce film. Et aussi qu’il s’agit d’une coproduction luxembourgeoise.

« Humains », à l’Utopolis.


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