Mutiny on the Bounty vont enfin dévoiler un des albums les plus attendus de la scène luxembourgeoise : leur début « Danger Mouth ».
En rétrospective, c’est assez rare qu’un groupe ait réussi à rester présent dans la scène et dans les médias avec une telle constance, sans pourtant disposer d’un album. Le seul enregistrement de Mutiny on the Bounty date de 2005, un split-EP avec les défunts math-rockeurs de Treasure Chest at the End of the Rainbow, dont ils ont recruté l’ancien guitariste comme bassiste.
Cela prouve avant tout une chose sur Mutiny on the Bounty : que c’est un groupe concentré sur le live. Et celles et ceux qui ont eu la chance de voir la formation lors d’un de ses nombreux concerts, devraient être unanimes que les gars de Mutiny forment sans conteste un des meilleurs live-acts de la scène luxembourgeoise. L’énergie débordante qui émane de leurs concerts, la présence des musiciens et leur communication chaleureuse avec le public, voilà les trois éléments dont est faite la sauce du succès de Mutiny. On leur croit qu’ils sont des gars honnêtes qui travaillent dur pour leur passion. C’est ce gage d’authenticité qui les démarque le plus d’autres formations du même genre. Mutiny on the Bounty ne cherchent pas à plaire mais simplement à vivre (de) leur musique. Ce qu’ils ont démontré durant ces dernières années. Sans sortir le moindre disque, leur omniprésence sur les scènes luxembourgeoises et loin au-delà leur a suffi de s’établir et surtout de se faire des relations. Lors de leurs nombreuses tournées – qui les ont même amenés aux States et en Angleterre – ils n’ont pas chômés et se sont constitués un solide carnet d’adresses. Si solide d’ailleurs que « Danger Mouth », leur debut-album qui paraît longtemps après le début, est sorti sur deux labels renommés, Big Scary Monsters pour le Royaume-Uni et la France et Redfield Records pour le reste de l’Europe – faisant d’eux un des groupes locaux les mieux représentés internationalement. Et cela sans aucun support étatique – le projet de bureau d’export pour la musique luxembourgeoise ayant été étouffé dans l’oeuf par la bureaucratie ministérielle. Mais bon, il y a fort à parier que les Mutiny n’auraient pas été demandeurs d’un tel support, leur idéologie DIY ayant toujours été un des éléments-clés de leur engagement. En cela, ils sont d’honnêtes successeurs de la toute première scène musicale qui s’était constituée à l’époque où la Kulturfabrik était encore un squat.
Quant à leur musique elle-même, cela reste une affaire de goût. Mélangeant les prouesses techniques du math-rock – un détail surtout imputable aux qualités de leur guitariste « fou » Luciano Lippis – aux sonorités indie rock et aux cris nerveux du hardcore qui sentent bien l’influence de Fugazi, la musique des Mutiny est surtout nerveuse et colorée. Pourtant, ils réussissent à intégrer des moments d’une beauté pop dans leurs morceaux, comme on peut l’entendre sur « Cruz Candelaria » un des rares titres instrumentaux de « Danger Mouth ». Cela dit, s’ils jouent avec les sonorités de la musique pop, leur songwriting est loin de tomber dans les clichés de la musique légère qui inonde nos ondes radiophoniques. Au lieu de vouloir plaire à tout prix, les Mutiny préfèrent garder leur imprévisibilité. Et grand bien leur en revient.
La publication de leur album tant attendu se fera ce samedi à la Kulturfabrik. L’entrée est gratuite et les premières parties seront assurées par des formations qui ont accompagnés Mutiny on the Bounty pendant toutes ces années : Lafa Connected, Miaow Miaow et Do Androïds Dream of Electric Sheep. Une fête qui garantira des émotions fortes, comme ce fut le cas de la release du dernier album de defdump en 2007.