« District 9 », premier long-métrage du réalisateur sud-africain Neill Blomkamp, nous montre comment des extra-terrestres demandant asile sont reçus par une humanité méfiante. Un film de science-fiction atypique, rythmé, aux effets visuels époustouflants.
Il y a 27 ans de cela, un gigantesque vaisseau extra-terrestre s’immobilisa au-dessus de Johannesburg. Fuyant une catastrophe lointaine, ses occupants furent parqués dans une zone périphérique de la métropole sud-africaine nommée « District 9 ». Près de trois décennies plus tard, la situation de ce camp de réfugiés interplanétaires n’a fait qu’empirer. Surpeuplé, gangréné par la misère et la criminalité, cet immense bidonville est de plus la cible de raids lancés par des voisins humains que la présence de ces étrangers apeure. MNU, l’entreprise à laquelle le gouvernement sous-traite le sort des réfugiés, décide alors de les réinstaller à l’intérieur des terres. Une délicate mission qui est confiée à Wikus van der Merwe, un bureaucrate obéissant et sans grand relief. Mais au cours de l’opération, alors qu’il perquisitionne un laboratoire extra-terrestre clandestin, ce dernier est éclaboussé par un étrange liquide. Suite à cet événement, son organisme va progressivement muter.
Comme cela est par ailleurs souligné dans le film, c’est la première fois que le cinéma fait planer une soucoupe dans le ciel africain et non au-dessus de New-York ou de Washington. Le fait que les visiteurs n’aient aucune intention de faire exploser la Maison blanche mais soient, au contraire, des êtres en détresse, demandant asile à une humanité non moins méfiante, est un autre trait atypique qui retient l’attention.
On l’aura compris, « District 9 » tient plus du conte que de l’épopée. Une manière onirique d’aborder ces thèmes on ne peut plus contemporains que sont la xénophobie, la politique de droit d’asile ou la privatisation des politiques publiques, dans un contexte rien moins qu’innocent.
Le réalisateur Neill Blomkamp, lui même Sud-Africain, a ici repris et développé une histoire qu’il avait déjà racontée dans « Alive in Joburg », un court-métrage de 2005 hanté par le souvenir de l’apartheid. Il s’était à l’époque basé sur un événement réel, l’expulsion en 1982 des habitants noirs du sixième district de la ville du Cap, pour faire place à une banlieue résidentielle blanche. La forme de la science-fiction lui a permis de souligner les éléments universels de cette injustice en régime raciste. Un exercice d’autant plus troublant que, pour rester proches de chez nous, il fait inévitablement songer aux émeutes devant la clôture de Melilla, aux tensions que crée l’afflux de réfugiés à Lampedusa ou à Malte et, bien sûr, au sort des clandestins de Calais.
Par rapport au court-métrage, on pourrait regretter une certaine dilution des thématiques dans « District 9 ». Là où « Alive in Joburg » avait réussi, sous la forme du reportage, à aborder les principales problématiques, en un peu plus de six minutes, le long-métrage semble se perdre. Il y a surtout plusieurs incohérences dans le scénario. Ainsi, les « crevettes », comme on les surnomme en raison de leur apparence, disposent d’armes extrêmement sophistiquées qui aiguisent la convoitise de la MNU. Aucune explication rationnelle n’explique toutefois pourquoi ils se laissent maltraiter sans s’en servir. On peut aussi regretter que tout ce qui touche à ces extra-terrestres, leur histoire, leur organisation, leur technologie ne soit abordé que de façon schématique. Mais il est vrai, qu’ils ne sont, après tout, que des archétypes.
Le film est par contre extrêmement rythmé et l’intrigue se déploie sans temps morts. Quant aux effets spéciaux, ils sont particulièrement soignés et subtilement intégrés à un paysage africain âpre et rugueux. L’on retiendra en particulier ces images du vaisseau spatial baignant dans le smog de Johannesburg et couvrant de son ombre les grattes-ciels de la métropole australe.
District 9, à l’Utopolis et au CinéBelval,