Avec Micmacs à tire-larigot, Jean-Pierre Jeunet tente de renouer avec ses débuts – si ce n’est pas raté à cent pour cent, c’est pourtant loin d’être une réussite.
Comme presqu’aucun autre metteur en scène, Jean-Pierre Jeunet a su développer au fil des années un style inimitable et reconnaissable dès les premières secondes du film. C’est son humour subtil et espiègle ainsi que son amour du détail qui fait que les films sortis de son imagination soient toujours des pièces uniques. Et « Micsmacs à tire-larigot » ne fait pas exception sur ce point. Les décors sont riches, les clins d’oeil multiples et l’histoire est – pour le moins – farfelue. Elle parle de Basile, un jeune homme plutôt pas ambitieux du tout, qui se la coule douce dans un petit magasin de vidéos à Paris. Derrière cette façade de charmant vaurien se cache pourtant un drame qui l’a bouleversé dès son enfance: la mort de son père, soldat français en Algérie qui a sauté sur une mine. Le petit Basile reçoit de l’armée un colis avec les maigres avoirs de son père, dont les restes de ladite mine. Le nom du fabricant ainsi que son sigle – particulièrement martial – resteront gravés à jamais dans la mémoire du petit. Après que sa mère l’ait abandonné pour être internée dans un hôpital, Basile est envoyé chez les nonnes d’où il s’enfuit rapidement.
Un soir, alors qu’il mâchonne tranquillement un petit Kiri tout en regardant pour la énième fois un film avec Humphrey Bogart, le destin le frappe une seconde fois. Sous la forme d’une balle perdue, pour être exact. Tirée pendant une course-poursuite qui finit devant sa petite boutique. Lorsque Basile se réveille quelques mois plus tard, il a tout perdu : son job, sa piaule dans la banlieue parisienne et même tout ce qui se trouvait dedans. La seule chose qui lui reste est la balle… toujours logée dans sa tête. Par hasard, on lui révèle le nom du fabricant de la balle, mais Basile ne sait en un premier instant rien en faire et décide bon grès, mal grès de se lancer dans une carrière de clochard. Il est alors assez vite récupéré par une bande de joyeux lurons sans domicile fixe qui vivent dans un vieux dépôt de ferraille, appelé le tire-larigot. Un autre hasard va mener Basile à la découverte des deux marchands d’armes qui ont ruiné sa vie à deux reprises: leurs fabriques se juxtaposent sur un grand boulevard périphérique près de la Seine. Avec ses nouveaux amis, Basile va prendre sa revanche en employant tous les moyens permis ou non. D’ailleurs, qui serait tendre avec des marchands de la mort, peu soucieux de ce qui se passe avec les armes qu’ils produisent et vendent à celui qui y met le juste prix?
Si « Micsmacs à tire-larigot » est définitivement un film politique et engagé même, il ne décolle pas vraiment. A l’instar d’ «Un long dimanche de fiançailles», l’histoire que Jeunet veut raconter est engloutie par son film. Trop d’effets tuent l’effet et « Micsmacs à tire-larigot » en souffre un peu. Jeunet fait tout de même plaisir à ses fans et au public en général en s’attaquant à l’hypocrisie de nos Etats quand il s’agit de vente d’armes. Même Sarkozy en prend pour son grade et la seule chose réaliste dans ce film fantastique est la triste réalité des mines anti-personnelles, des obus et des mitrailleuses que les héros ne vont pas tarder à expédier dans la Seine.
Bref, « Micmacs à tire-larigot » est un film parfait pour les longs dimanches pluvieux et ennuyeux : on en ressort avec le sourire aux lèvres.
Micmacs à tire-larigot à l’Utopia et au CinéBelval.