JAZZ: Bandits manchots

Les Trinitaires proposent en ce début d’année ce qui promet d’ores et déjà d’être le concert de l’année 2010 pour tous les amateurs de musique avec un grand M de la Grande Région : la venue des Norvégiens de Jaga Jazzist.

Ont redéfini les frontières
du jazz et de l’electro :
Jaga Jazzist.

Rarement on a entendu une musique si personnelle et subtile que celle créée par Jaga Jazzist, espèce d’hybride entre l’électro et le jazz, le post-rock et le rock progressif.

Formés en 1994 autour des frères Horntveth, Martin à la batterie et Lars au saxophone – qui a notamment collaboré avec l’institution norvégienne en matière de rock « Motorpsycho » -, la formation généralement accompagnée par huit autres musiciens plus ou moins interchangeables, prend son envol discographique deux années plus tard avec la parution de leur premier album « Jævla Jazzist Grete Stitz », qui ne tarde pas à attirer les critiques et les maisons de disques leur faisant les yeux doux grâce à leurs prestations scéniques à la fois grandioses et spectaculaires. Car Jaga Jazzist n’a besoin d’aucun artifice pour briller, c’est tout simplement un groupe extraordinaire.

Quelques années et une poignée d’EPs plus tard, ils signent sur le gros label Warner Music et sortent « A Livingroom Hush » que beaucoup considèrent comme leur premier véritable opus. Le groupe y présente une musique assez proche de celle des Américains de Tortoise, agrémentée de sons électroniques mais surtout d’une section de cuivres omniprésente et imparable. L’album « The Styx », sorti en 2004 sur Ninja Tune, sera comparable à un véritable coup de fouet dans la carrière du groupe. La formation se montre ici dans une forme olympique, carrément décomplexée, bidouillant les sons et triturant les rythmiques souvent électroniques secondées par le génie tribal Martin Horntveth. Cela donne plus un album de musique électronique que de jazz pur et dur, mais qui plaira tout de même autant au puristes de jazz grâce à ses mélodies raffinées, qu’aux fans du label Ninja Tune.

Mais le groupe ne s’arrêtera pas en si bon chemin et compte bien prouver de quoi il est fait. C’est chose faite en 2005 avec « What We Must » qu’ils sortent sous le pseudonyme Jaga qui propose encore une fois une nouvelle déclinaison musicale de ce qu’est la formation norvégienne. En effet, ici, leur musique se fait plus aérienne, moins jazzy qu’à l’accoutumé, mettant l’accent sur le cinématographique, ce qui laisse planer le spectre d’Ennio Morricone sur leur album. Cet album sera d’ailleurs plébiscité par les fous furieux de Mars Volta comme l’un de leurs préférés, et l’occasion pour eux de les inviter lors de leur All Tomorrow’s Party – concert organisé par un « grand » groupe chaque année à New York – l’année d’après.

Après près de cinq années d’absence discographique, les jazzeux fous reviennent à l’assaut de nos stéréos avec « One-Armed Bandit », un album de grande volée, mêlant tout ce que ces Norvégiens savent faire : un mix exquis d’électro à la Squarepusher, des relents progressifs empruntés à Soft Machine, le jazz de John Coltrane ou Don Cherry avec l’expérimentation sonique de Tortoise, tout en conservant cet aspect cinématographique que « What We Must » a déjà tracé. L’occasion pour eux de présenter cet album, toujours sorti sur Ninja Tune, dans l’élément dans lequel ils excellent : les prestations scéniques dont eux seuls ont le secret, où jamais énergie et volupté n’auront fait autant bon ménage afin de faire danser sur une musique aussi intellectualisée que le jazz.

Jaga Jazzist, aux Trinitaires, le 1er mars.
Plus d’infos:
www.myspace.com/jagajazzist
www.jagajazzist.com
www.lestrinitaires.com


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