Par le biais d’une conférence de presse, la société Agora – en charge de la construction des édifices privés du nouveau quartier de Belval – relativise les impacts de la crise sur le site.
En écoutant les propos enthousiastes de Vincent Delwiche, le « general manager » d’Agora, on pourrait carrément oublier la crise financière, le fiasco de la tripartite et même tous les problèmes qu’a connus cette société avec quelques investisseurs ces dernières années. Selon lui, Belval reste le pays de Cocagne, où dans quelques années le lait et le miel couleront à flots.
En effet, point de vue bonnes nouvelles, il y a des informations vraiment alléchantes, comme l’étude de cabinet Property Partners qui concède à Belval la plus forte « take up by district » de surfaces de bureaux pour l’année 2009. Entendez par là que l’an dernier, Belval a doublé le Kirchberg, la Cloche d’Or et toutes les autres zones d’activité en matière de surfaces bureaux commandées. Cette dynamique s’explique surtout par la flexibilité d’Agora face à la nouvelle donne de la crise économique et financière qui fait chanceler les plus grands. « Une grande partie des nouvelles demandes provient soit des petites et moyennes entreprises, soit de cabinets d’avocats ou de médecins qui souhaitent s’implanter sur Belval », explique Delwiche. De mauvaises langues pourraient prétendre que l’explication est ailleurs, justement dans la défection de grandes multinationales, les premières à se prendre la crise de plein fouet, qui seraient plus réticentes à investir à présent. Toujours est-il que la réponse flexible d’Agora semble fonctionner et que selon cette dernière les remous autour de certains investisseurs défectueux se seraient calmés.
L’idée directrice d’Agora est la croissance régulière, tendant à éviter le voisinage de projets en gestation et de projets finis. « Notre vocation est de créer des espaces homogènes », fait savoir Delwiche. Le hic : Agora n’est pas le seul à construire sur Belval. Le Fonds Belval – en charge des bâtiments publics – suit son propre calendrier, ce qui explique les délais entre les prévisions de construction des différentes infrastructures. Même s’il serait mieux de se coordonner sur certains points, surtout en ce qui concerne les logements étudiants, qui devraient se trouver autour de l’université à construire sur le site. Sur ce point, l’Agora tient à affirmer qu’elle cherche des investisseurs susceptibles de s’intéresser à ce type de bâtiments. Reste qu’ils pourraient trouver refuge dans les communes environnantes, comme l’a fait savoir le conseiller socialiste de Sanem, Marco Goelhausen, à la même occasion. Du moins, sa commune a déjà une proposition concrète : faire de son ancien centre intégré pour personnes âgées (Cipa) – qui sera abandonné pour une nouvelle bâtisse sur Belval-Nord – des logements étudiants. Son collègue eschois, Henri Hinterscheid, parle même de 1.000 logements étudiants possibles sur la commune d’Esch – sans pourtant spécifier où exactement.
Reste que les nouveaux quartiers se concrétisent vraiment assez vite : Belval Plaza 2, qui abritera un grand supermarché Delhaize, ainsi qu’un nouvel hôtel – « Feierstëppler » – ouvriront leurs portes encore cette année. Suivis en 2011 par le nouveau lycée technique et le nouveau Cipa. Il faut admettre que les planificateurs savent aussi faire preuve de pragmatisme : ainsi, la future grande antenne de l’Adem dans le Sud sera à deux pas de la centrale de la banque Dexia. Ainsi, à la prochaine crise, les employé-e-s de banque n’auront qu’à traverser la rue pour s’inscrire.