ÉCONOMIES: Chers curés

L’idée flotte dans l’air depuis bientôt une centaine d’années. Pourtant, la crise actuelle pourrait faire rebondir la sempiternelle bataille contre les liens entre l’Eglise et l’Etat.

Même en Grèce, l’Eglise – orthodoxe celle-là – ne connaît pas la crise. Alors que l’armée hellénique a consenti à quelques coupes dans son majestueux budget, l’Etat grec continue à verser quelque 300 millions d’euros aux collectivités religieuses orthodoxes. De l’argent que cet Etat en faillite ferait mieux d’investir dans le social, puisque l’Eglise orthodoxe reste un des plus gros propriétaires fonciers du pays, comme vient de le remarquer l’eurodéputé Daniel Cohn-Bendit. Mais c’est surtout l’idée que les popes vivront aussi des aides massives de l’Union européenne, sans que l’on ose tailler dans leur budget, qui pose problème.

Au Luxembourg, les choses ne sont pas tellement différentes. Certes, notre économie se porte mieux que celles des pays d’Europe du Sud, mais pourtant, la population luxembourgeoise devra se faire à l’idée que l’avenir sera aussi fait de plans d’austérité. Une pilule amère qu’on tente de faire avaler à l’aide de la sacro-sainte solidarité : si tout le monde recule un peu sur ses besoins, nous pourrons sortir de la crise.

Vous avez dit tout le monde ? Un petit village gaulois au milieu de l’Etat luxembourgeois résiste toujours à la rigueur. En effet, ni l’Eglise catholique, ni les autres collectivités religieuses ne sont incluses dans les plans de rigueur qui agitent l’actualité de ces dernières semaines. Si le gouvernement voulait vraiment faire des économies en supprimant des services ou des projets superflus, il ferait mieux de s’attaquer aux conventions avec les différentes religions, les catholiques en premier, puisque ce sont toujours eux qui en profitent le plus. Car au vu des églises vides et des scandales massifs qui ébranlent le club catholique, on devrait depuis longtemps se demander pourquoi l’Etat continue à financer une telle institution qui d’ailleurs n’est pas politiquement neutre – et ne représente donc nullement la communauté qui pourtant et contre son gré la finance. Surtout que ces financements restent toujours occultes : on ne peut pas chiffrer exactement les deniers que l’Etat verse dans tous ses budgets au culte catholique. Une estimation de l’association Liberté de Conscience (Libco) donne le chiffre de quelques 80 millions d’euros – donc le double de ce que l’Etat veut épargner en pénalisant les frontaliers (voir News page 3).

Pour raviver le débat, ou du moins pour faire en sorte qu’on en parle enfin, plusieurs plateformes comme sokrates.lu et Libco, mais aussi des organisations de jeunesse politiques (toutes à l’exception de la CSJ et des jeunes de l’ADR) ont réactivé la pétition pour une séparation entre l’Eglise et l’Etat, et lancé une nouvelle campagne. Peut-être que cette fois-ci la sauce prendra et que l’Eglise catholique devra s’expliquer. En tout cas, il serait temps.

Vous pourrez signer la pétition à l’adresse suivante: www.trennung.lu


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