David WagnerUne étude comparative présentée cette semaine révèle qu’en matière d’intégration des migrant-e-s, le Luxembourg « peut mieux faire ». C’était connu, mais il fallait que ce soit rappelé.
Quel Etat de l’Union européenne choisir si vous émigrez depuis un pays non communautaire ? Nous vous conseillons la Suède ou le Portugal, c’est selon que vous préférez le soleil ou les fjords. En tout cas, d’après le classement du Migration policy index (Mipex), un outil de mesure des politiques d’intégration dans les pays de l’Union, du Canada, de la Suisse et de la Norvège, ce sont ces deux pays qui satisfont les mieux aux critères d’intégration des migrant-e-s.
Lundi dernier, l’analyste politique du « Policy migration group » de Bruxelles, Thomas Huddleston, a présenté les résultats de l’étude à la presse luxembourgeoise, en présence du président de l’Asti, Serge Kollwelter. Utilisant plus de 140 indicateurs de politiques, le MIPEX a mené son analyse comparative des 28 pays en couvrant six domaines : l’accès au marché du travail, le regroupement familial, la résidence de longue durée, la participation politique, l’accès à la nationalité et la non-discrimination. Notant chaque domaine sur 100 points, il a ensuite procédé à un classement des 28 pays. Le Luxembourg s’en sort tout juste avec une moyenne globale de 55 points, ce qui le place en 11e position, ensemble avec la France et la Slovénie. D’une manière générale, les pays scandinaves s’en sortent plutôt bien – à l’exception du Danemark – tandis que l’est européen fait figure de queue de peloton.
Mais même si le Luxembourg se situe tout juste au-dessus de la moyenne, il n’a pas de quoi claironner : avec près de 40 pour cent de résidents étrangers, de loin le taux le plus élevé de l’Union, le Luxembourg devrait justement faire des efforts supplémentaires en matière d’intégration. Quand il s’agit d’attirer et d’intégrer dans la place financière des capitaux étrangers, le grand-duché fait moins la fine bouche.
Il y a bien un domaine dans lequel le Luxembourg se voit gratifié d’un bon 84 sur 100 : en matière de participation politique. Mais cette évaluation révèle en fait les limites d’une étude qui se base sur les textes de loi sans vraiment prendre en compte les réalités « du terrain ». En effet, le bon score dans ce domaine s’explique par une législation qui offre un certain nombre de droit politiques aux étrangers, comme par exemple le droit de vote (exclusivement actif) pour les non communautaires aux élections locales. Seules les élections législatives demeurent la chasse gardée des détenteurs du passeport frappé du lion rampant.
D’un autre côté, les beaux textes de loi se heurtent à la volonté du gouvernement, comme en témoigne la récente réponse du ministre de l’intérieur Jean-Marie Halsdorf (CSV) à Felix Braz. Dans sa question parlementaire, le député vert s’enquiert de savoir où en est la campagne d’information incitant les étrangers à s’inscrire sur les listes électorales en vue des élections de 2009 avant la date limite fixée à mars 2008. Le ministre répond que « dès que les modifications des modalités d’inscription sur les listes électorales seront achevées, les campagnes d’incitation à l’intention des étrangers seront lancées ». Nous sommes en novembre 2007 : Halsdorf n’est pas un homme pressé.
Ainsi, si certaines conclusions du Mipex sont à relativiser, elle a le mérite de rappeler quelques chiffres qui parlent d’eux-mêmes : comparé au taux d’emploi des Luxembourgeois-e-s, celui des ressortissant-e-s des pays tiers et de 13,6 points inférieur. Par contre, leur taux de chômage est de 18 points supérieur à celui des Luxembourgeois-e-s. Aussi, le verdict de l’étude est cinglant : « L’Etat n’essaie pourtant pas d’améliorer leur taux d’emploi ni de les aider dans l’apprentissage des langues leur donnant plus d’accès au marché du travail ».