Avec « Les Petits Ruisseaux », Pascal Rabaté réussit un film attendrissant et drôle sur le quotidien du troisième âge.
Dans un petit village du centre de la France, le décor pour une vie et surtout une fin de vie sans histoires est déjà en place pour les deux potes Emile et Edmond. Ils ont leur coin de pêche préféré où ils se rendent chaque jour avec la mini-voiture électrique d’Emile, le « Penalty », leur bartabac-PMU préféré – et le seul dans les environs -, leurs fréquentations et leurs enfants qui leur rendent visite de temps en temps. Le paradis en somme pour les deux amis retraités. Mais voilà qu’Edmond se met à révéler à son pote, que, finalement, il conserve aussi une vie sexuelle, même à son âge. Plus qu’étonné, Emile, qui est veuf et garde un bon souvenir de sa femme au contraire d’Edmond, qui lui est divorcé depuis une dizaine d’années, se met à cogiter sur la possibilité de s’intéresser de nouveau à l’autre sexe. Surtout qu’Edmond lui montre aussi son petit antre secret : un atelier de peinture dans lequel il s’amuse à reproduire toujours le même motif, à savoir des femmes à poil dans des positions plutôt équivoques.
C’est aussi en peignant un de ces tableaux qu’Edmond fait une crise cardiaque mortelle et à son enterrement, Emile fait la connaissance de Lucie, la dernière conquête de son ami défunt. A partir de ce moment, il est comme changé. Non qu’il tombe amoureux de Lucie, mais sa vie sexuelle se remet en marche : il voit les femmes d’un autre oeil, plus intéressé, et se met à rêvasser sur le sexe.
Ainsi commence un périple qui va le mener à travers diverses épreuves hilarantes, vers son nouvel et – probablement – ultime amour. Emile va vivre avec les squatteurs qui occupent sa maison natale en Corrèze et va surtout faire la connaissance de la femme un peu pressée qui le renverse avec sa voiture. Une rencontre fulgurante qui va déchaîner une tempête de sentiments, puisque le septuagénaire timide et prêt à mourir, s’est muté en homme entreprenant, ouvert au monde et qui ne se refuse même pas un petit pétard de temps en temps?
Le film de Pascal Rabaté donne vraiment envie de vieillir. Non pas parce qu’il prétendrait que ce soit le meilleur âge, mais à cause de la sagesse qui se mêle à l’envie de découverte de son protagoniste Emile. Ainsi, lorsqu’il cause avec les squatteurs de sa maison natale, il ne les juge nullement, mais leur demande poliment d’expliquer comment ils en sont arrivés là. En fin de compte, il instaure un vrai dialogue intergénérationnel – qui dépasse les mentalités bornées.
Mais c’est surtout un film atypique sur la vieillesse, puisqu’il ne met pas en scène la sagesse « infinie » du troisième âge, ni leur mémoire ou leurs histoires de guerre, mais démontre que même à cet âge-là, on n’a pas fini d’apprendre. C’est une sorte de « coming of age » du dernier printemps. Et finalement, c’est aussi une merveilleuse comédie bien française, qui ne tombe pourtant pas dans le même piège que « Les Choristes » ou « Le Petit Nicolas », puisqu’elle ne met pas en scène une France idéalisée et éternelle, mais bel et bien le pays que l’on connaît de nos jours avec tous ses problèmes et incongruités.
A aller voir avec papy et mamie encore avant Noël?
A l’Utopia.