POLITIQUE CULTURELLE: Rotondes sur rotules

Les Rotondes sont-elles victimes de la crise ? Ou plutôt de la politique culturelle sans queue ni tête pratiquée depuis des années ? Ce n’est pas la seule question qui se pose dans le contexte du difficile avenir du seul centre culturel populaire de la capitale.

C’était prévisible. Même si la nouvelle a fait l’effet d’un choc pour beaucoup de personnes cette semaine, la volonté politique de se désengager du projet de réaménagement des Rotondes était palpable au moins depuis janvier. Lors d’une réunion du CSV début 2010 donc, Jean-Louis Schiltz, le président de la fraction parlementaire, avait publiquement mis en question la nécessité des Rotondes – comme le woxx l’avait alors rapporté.

A partir de ce moment-là, l’inquiétude sur son avenir planait déjà sur l’équipe du Carré Rotondes, qui sait qu’elle ne pourra rester indéfiniment dans ses bâtiments rue de l’Aciérie à Hollerich. Ce qui a amené le directeur Robert Garcia à se mettre lui-même en contact avec le service des bâtiments publics afin de revoir le projet et d’en réduire le coût – pour mieux le faire passer, au cas où « son » projet serait réellement dans le collimateur des coupes budgétaires.

« On s’est mis ensemble pour voir où on pourrait faire des économies. Finalement, nous avons sacrifié quelques pans du projet initial, comme le restaurant qui aurait dû ouvrir ses portes dans la Rotonde 1 et la liaison entre les deux Rotondes, qui aurait de toute façon dépendu d’un projet des CFL, gelé lui-aussi pour le moment », explique Garcia. En tout cas, cela réduisait le budget de sept millions d’euros, le ramenant à 16 au lieu des 23 planifiés initialement.

Apparemment, cela n’a pas suffi pour calmer les ardeurs du gouvernement. Et la surprise de voir son projet renvoyé aux calendes grecques a d’autant plus choqué Garcia qu’il avait déjà fait montre de sa bonne volonté.

Ce qui étonne le plus, c’est le manque de communication sur ce projet. « Même la ministre de la culture, qui devrait quand même être au courant de telles décisions, ne m’en a pas touché un seul mot », affirme Garcia. Et de souligner qu’aucun des membres du conseil d’administration n’était au courant de la décision gouvernementale – qui semble remonter au ministre du budget, Luc Frieden.

Ainsi donc, le provisoire semble devoir durer pour le Carré Rotondes. Une situation d’autant plus dure que d’un côté le succès de la nouvelle insititution ne peut être démenti avec plus de 50.000 spectateurs-trices l’année dernière. Et que de l’autre, les bâtiments de Hollerich ne sont que loués par la firme Paul Wurth. « Certes, ils ont rallongé notre contrat », assure Garcia, « Mais seulement d’une année et ce sera le cas chaque année. Nous n’obtiendrons sûrement pas de contrat de bail de cinq ans ou plus » ? Et pour cause : Paul Wurth a effectivement prévu de réaménager son terrain, et les bâtiments qui hébergent actuellement le Carré Rotondes devront un jour ou l’autre céder la place à des bureaux et des appartements.

Reste encore un seul espoir : « La Rotonde 1 n’est pas concernée par l’arrêt de financement, car elle ne dépend pas des bâtiments publics, mais du service des sites et monuments. Et celui-ci continue à la restaurer et à désintoxiquer le sol entre les deux rotondes. Ainsi, on pourrait peut-être envisager 2012 pour déplacer une partie de nos effectifs là-bas. Mais sans la deuxième Rotonde, qui devrait héberger le nouvel Exit07 et le théâtre Traffo, on ne peut pas faire grand-chose. La Rotonde 1 est vide et devrait servir de hall d’exposition et de coulisse pour des soirées événementielles. »

Ainsi, la ville de Luxembourg risque de voir s’enliser un de ses seuls projets culturels vraiment populaires et durables. Claude Wiseler, le ministre des bâtiments publics, disait pourtant sur les ondes de RTL, que « le temps est venu de se mettre autour d’une table et de discuter du futur du projet qui est loin d’être enterré. » Mais peut-être qu’il aurait fallu qu’il s’y prenne un peu plus tôt. Genre, avant de l’enterrer à moitié.


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