« The Joneses » était attendu comme une satire mordante de la société américaine – finalement, c’est la comédie romantique qui prend le dessus.
L’idée en somme est tellement géniale que l’on se demande si elle n’est vraiment qu’issue de l’imagination du scénariste. Placer de fausses familles dans les environs de la haute société américaine, pour que ces professionnels de la vente puissent leur montrer des nouveaux produits de luxe, qu’ils présentent sous un jour tellement alléchant, que leur entourage finira très vite par céder et se les procurer à leur tour est d’une simplicité est d’une perfidie tout simplement détonnante.
Les Jones sont justement une de ces familles de rêve, trop belles pour être réelles : issus d’une multitude de castings, la mère, le père et leurs deux beaux gosses forment ce que leur firme appelle une « unité de placement ». Leur boulot : rendre leur voisinage jaloux en vivant ostentatoirement dans le luxe. Si leurs nouveaux proches tombent dans le panneau et s’achètent le parfum de la femme, la bagnole du fiston ou le polo du père, leur mission est accomplie et leurs comptes en banque se remplissent. Ainsi, ils sont condamnés à une vie dans le luxe, en permanence sur la sellette si leurs chiffrent tombent. Dans ce cas, la « famille » disparaît dans la nuit pour être recomposée dans une autre banlieue américaine et reprendre du début. Et si une « unité » excelle dans son boulot, elle est dorée de l’« icon status » – c’est-à-dire que la firme les choisit pour tester des produits auprès du public qu’elle n’a pas encore lancée sur le marché.
Mais cette double vie a aussi ses défauts. Entre les chiottes qui vous parlent en même temps qu’elles nettoient votre cul, l’écran plat dernier cri et la collection de voitures allemandes de luxe, la vie, la réelle, a tendance à disparaître. C’est surtout le père qui pose problème au début : peu rompu à cet exercice, ancien golfeur professionnel et vendeur de voitures, Steve Cirelli risque la continuité de son unité, parce qu’il lui reste un peu – trop – d’humanité. Un défaut rapidement corrigé par sa fausse femme – et chef, en réalité – qui fait ce boulot depuis des années. Leurs « enfants » ne semblent pas trop souffrir de la situation. Mais honnêtement, quel adolescent ne rêve pas d’une vie de luxe où il est payé pour épater ses concurrents ?
Pourtant, ce sera l’humanité de Steve qui changera la donne, au moment où il se rend compte que leurs petits jeux ne sont pas si innocents, surtout dans le contexte de la crise financière dans une Amérique habituée à vivre à crédit. Mais aussi les sentiments trop longtemps opprimés des différents membres de l’unité compliquent les choses?
Avec un vrai casting de rêve, David Duchovny, qui refait surface sur le grand écran après avoir épaté dans « Californication » sur le petit, et surtout une Demi Moore enfin de retour, « The Joneses » est destiné, en théorie, à devenir un grand succès. Pourtant, des longueurs de scénario, une inévitable fin hollywoodienne et trop de belles images sans études approfondies de personnages, font que le film perd vite de sa superbe en cours de route. On attend tout le temps qu’il arrive quelque chose, mais finalement, le réalisateur Derrick Borte ne fait que rester à la surface. Dommage pour une idée qui aurait aussi bien pu donner naissance à un film culte?
A l’Utopolis et au CinéBelval