Il y a quelques semaines Arcelor-Mittal se vantait de sa « good governance » et affirmait produire du « safe substantial steel ». Or, les derniers plans du géant de l’acier démontrent que ce n’est que du maquillage.

Dans ses brochures multicolores, Arcelor-Mittal a bien sûr tout intérêt à se mettre en avant comme employeur responsable non seulement de ses produits, mais aussi de ses employés ainsi que de l’environnement. Les idées vertes semblent avoir définitivement trouvé le chemin vers les étages supérieurs des chefs d’entreprise, et il est vrai qu’aucune industrie – et a fortiori aucun leader du marché – ne peut ignorer les implications environnementales de sa production. Un peu parce c’est tendance en ce moment de se donner soucieux de la nature, et puis aussi parce qu’en fin de compte, si l’environnement bascule, il entraînera tout avec lui dans le gouffre, opportunités juteuses comprises.
Arcelor-Mittal se targue aussi de son « carbon footprint » qu’il tenterait de réduire depuis des années – du moins depuis que l’on sait ce qu’est une empreinte carbone. Malheureusement, c’est plutôt la crise qui définit la taille de l’empreinte d’Arcelor-Mittal sur la planète qu’une réelle volonté de faire passer la protection environnementale avant les profits, comme le démontrent les chiffres : de 164 millions de tonnes de CO2 émis en 2009 on est passé à 199 en 2010, sans pourtant atteindre les 224 millions de tonnes que le fabricant d’acier a généré en 2008, avant que la crise n’impacte aussi son secteur. On le voit, la protection de l’environnement n’est pas parmi les top priorités d’Arcelor Mittal. Pour celles et ceux qui veulent s’en faire une image plus concrète : vous n’avez qu’à surfer sur www.ohiocitizen.org/globalaction – un site qui regroupe des associations du monde entier qui s’en prennent aux conséquences néfastes qu’une implantation d’Arcelor-Mittal a dans leurs environs. La résistance aussi s’est globalisée pourrait on dire.
De la résistance, c’est aussi ce que font en ce moment les actionnaires du plus grand charbonnier d’Australie, la MacArthur Coal. Car depuis cette semaine Arcelor-Mittal et Peabody Energy – le champion mondial du charbon – se sont mis ensemble. Peabody est déjà implanté en Australie et tristement célèbre pour l’épisode du « Black Mesa », où la firme a contaminé une énorme réserve d’eau potable pourtant réservée aux tribus Navajo et Hopi qui vivaient sur le territoire. Objectif de l’alliance des deux géants : lancer une OPA sur le numéro un australien.
Derrière cette consolidation, plusieurs aspects intéressent sûrement Arcelor-Mittal. D’abord, MacArthur Coal est le premier fabricant mondial du charbon LV-PCI (low volatile Pulverized Coal Injection), qui est le mieux adapté à la fabrication d’acier. Donc, en mettant le grappin sur MacArthur Coal, Arcelor-Mittal contrôlerait une des ressources dont elle a le plus besoin. Ce qui amène au deuxième point d’intérêt : l’indépendance du marché du charbon d’Arcelor-Mittal, qui ne sera donc plus soumis à d’éventuelles opérations de concurrence. Et à l’inverse, le géant indien pourra dicter les prix dans le secteur du charbon.
Pour l’instant MacArthur Coal tente de résister à cette OPA hostile en mobilisant une bonne dose de patriotisme économique – ce qui nous rappelle étrangement l’année 2006 où Mittal a fait la même chose avec Arcelor. On peut tout de même douter que les Australiens tiennent le coup, surtout à cause de Peabody Energy, partenaire surpuissant d’Arcelor-Mittal dans cette affaire.
En d’autres mots : loin de vouloir rendre la production d’acier plus verte, Arcelor-Mittal essaie plutôt de se mettre les ressources naturelles sous la dent, quitte à empester encore plus longtemps la planète.