« In the Land of Blood and Honey », le premier film d’Angelina Jolie n’a pas divisé les esprits pour rien : d’un côté, c’est un exploit et une réussite, de l’autre, la greffe ne prend pas vraiment.
Leur amour va être anéanti par la guerre civile.
L’histoire que raconte « In the Land of Blood and Honey » est vieille comme l’humanité. C’est Roméo et Juliette pris dans une machinerie patriarcale qu’ils ne peuvent pas vaincre, même s’ils le voulaient. Juste qu’ici, ce n’est pas une brouille familiale qui constitue le moteur du drame, mais la guerre et la haine entre nationalités Danijel et Alja, le couple autour duquel tourne le film, filent le parfait amour : leur histoire est passionnée, innocente et ils sont encore dans cette phase d’un couple où ils ressentent ce que Milan Kundera a appelé « l’insoutenable légèreté de l’être ». Mais voilà : on est en 1992, et les Balkans vont bientôt s’enflammer dans le plus grand conflit qui ait eu lieu en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Et vu que rien n’est parfait, il se trouve qu’Alja est une musulmane bosniaque et Danijel un chrétien serbe. Donc, en temps de guerre, ils sont supposés être des ennemis parfaits. Surtout dans une guerre civile qui fait que des gens qui jusque-là étaient voisins, amis ou encore amants se mettent à s’entretuer. Une guerre qui ne connaît que des victimes et des bourreaux de tous les côtés, où il n’y a pas de « bons », ni de « mauvais ». Et comme le veut la loi du drame, le père de Danijel se trouve être un officier des forces serbes, qui ne voyait pas du meilleur oeil la relation entre son fils et une femme du camp opposé. Pour lui, la guerre offre enfin une opportunité pour pallier cette erreur, cette mésalliance. Il fait en sorte que son fils se trouve bombardé commandeur d’un camp de prisonniers de guerre, afin qu’il s’implique dans le conflit civil et qu’il ne voie dans les musulmans bosniaques que des voleurs et des meurtriers. En fait, ce qu’il veut détruire en son fils, ce n’est pas seulement son amour pour Alja, mais aussi son pacifisme.
Là où l’histoire commence à en faire un peu trop, c’est quand Alja est Danijel se retrouvent enfin dans le camp qu’il commande. Elle a perdu tous ses biens et ses repères et est devenue sa prisonnière. Quant à lui, il a du mal à se décider entre son amour et ses allégeances patriotiques et familiales. Petit à petit, les doutes s’installent dans leur relation et les deux réalisent que la pureté de leur relation est perdue à jamais.
C’est à la fois la force et la faiblesse de « In the Land of Blood and Honey » d’avoir tant voulu faire grimper la tension dramatique. Ces revirements impactent le scénario et le rendent de moins en moins crédible, ce qui est bien dommage, car on remarque que Jolie a le sens des images fortes et des dialogues intensifs où l’ambiguïté des rapports entre Alja et Danijel transparaît subtilement. Est-ce le fait que la star hollywoodienne soit novice derrière la caméra qui a rendu ce film finalement si lourd ? C’est à espérer, car des lueurs d’espoir subsistent quant aux futurs films émanant de la maison Jolie.
A l’Utopolis.
