LARRY CHARLES: Plus c’est gros, mieux ça passe

« The Dictator » avec l’éternel clown Sasha Baron Cohen, essaie de faire passer un message politique avec une ribambelle de blagues grossières. Avis aux amateurs.

Son geste préféré…

Le général Aladeen est un grand oppresseur, tellement grand que son peuple doit l’appeler « grand oppresseur ». Son pays Wadyia est une parfaite petite enclave sur la péninsule arabe, pleine de pétrole et de gens à opprimer. Vu qu’il tient le sceptre de son père et qu’il exerce le pouvoir depuis l’âge de sept ans, Aladeen n’a jamais questionné l’état des choses et se tape des starlettes hollywoodiennes en série, tout en se faisant conduire dans un cortège de 4×4 dorées de son palais à sa base sécrète – là où il essaie de faire construire une arme nucléaire. Juste que ça commence à gêner gravement l’Onu et l’Otan qu’un fou pareil puisse jouer avec le feu nucléaire. Des explications sont donc demandées à Aladeen, qui doit s’exprimer à la tribune des Nations Unies à New York, sa dernière chance avant que l’Occident n’envoie des bombardiers « libérer » son peuple de son joug.

Mais voilà que les ennuis commencent pour Aladeen. Car son oncle, qui se voit comme l’oppresseur légitime de Wadyia, a comploté contre lui : un double doit tenir le discours à sa place, tandis que l’oncle a déjà vendu le pays en catimini aux grandes firmes pétrolières – quelque chose qu’Aladeen refusait de faire, suite à une promesse faite à son père. Tandis que le double essaie de séduire tant bien que mal la diplomatie internationale, le vrai Aladeen se retrouve sans toit à la rue dans Brooklyn. Il fera tout pour retrouver sa place légitime et éviter que le peuple de Wadyia ne soit exposé aux dangers de la démocratie?

Bien sûr qu’en voyant le titre de « The Dictator » il est inévitable de ne pas penser à « The Great Dictator » de Charlie Chaplin, qui semble du moins avoir servi comme modèle à Sasha Baron Cohen et à Larry Charles – ce dernier ayant déjà réalisé Borat et Brüno, les films précédents de Baron Cohen. Car cette fois, il s’agit bel et bien d’un film de fiction et non d’un semi-documentaire comme les deux derniers. Et les personnages sont tellement exagérés et grossiers qu’on pourrait dire que Cohen et Charles ont transposé la comédie de Chaplin aux début du 21e siècle en lui repassant une bonne dose survitaminée de blagues prépubertaires.

Ce ne sont pourtant pas ces moments-là qui sont les plus forts du film. Ce sont plutôt les passages où la vérité éclate, sans que ni la caméra, ni le scénario ne change de registre. Comme par exemple, quand vers la fin le vrai Aladeen explique – au cours d’un speech presqu’émouvant – pourquoi son peuple aime tellement être opprimé et pourquoi les Américains devraient prendre exemple sur lui et abandonner la farce démocratique. Car selon lui, pas besoin de démocratie, si on peut sans problème obtenir que la majorité des richesses d’un pays revienne à un pour cent de la population et mettre les médias entre les mains des multinationales. En ce sens, et vu la fin du film, les clins d’oeil à la réalité font de « The Dictator » un digne héritier de « l’original » – vu qu’il s’appuie sur la gravité de la situation et l’hypocrisie de la politique internationale pour justement critiquer ces derniers en exagérant leurs traits.

Donc, avec « The Dictator » Borat devient sérieux et n’essaie plus de jouer le trublion avec la populace, mais s’en prend aux vrais puissants, c’est aussi pourquoi, le film est dédié à la mémoire de Kim Jong-Il.

A l’Utopolis, CinéBelval, Cinémaacher, Scala, Starlight et Sura.


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