L’inouï de Redange accueille ce week-end encore un des derniers « vieux » grands du jazz européen : le guitariste belge Philippe Catherine.
Un critique du Monde disait de lui : « Il ne joue pas de la musique, il est la musique ». C’est dire que Philippe Catherine sait envoûter les auditeurs avec sa guitare, cet instrument qui n’est pas vraiment typique du jazz, mais qui a – depuis le passage sur terre de Django Reinhardt – pris ses marques.
La carrière de Philippe Catherine commence à Bruxelles, où sa famille s’installe. A 13 ans, il découvre la musique ainsi que son instrument de prédilection, la guitare, par le biais de Georges Brassens et de Django Reinhardt. Vu que la capitale belge des années 1960 faisait déjà à l’époque partie des escales européennes des combos de jazz venues d’outre-Atlantique, Catherine commence tôt à les accompagner et à se faire un nom. Quelques années plus tard, il se retrouvera sur les tournées de Lou Bennett, Stéphane Grappelli et encore du grand Dexter Gordon.
C’est en 1971 que le violoniste français Jean-Luc Ponty – qui venait juste de collaborer avec Frank Zappa pour son premier album solo « King Kong », que le maître américain avait composé pour lui – l’engage dans son quintette « Experience ». Et c’est un peu sous ce slogan que Philippe Catherine passera les années 1970 : gagner de l’expérience surtout en collaborant avec les grands de l’époque. Parmi eux, par exemple, le contre-bassiste, pianiste, compositeur et auteur légendaire Charles Mingus. En 1977, il participa à l’enregistrement de l’album « Three or Four Shades of Blues » – une expérience qui – du moins selon ce qui est écrit sur son site – l’a marquée durablement. On se demande un peu pourquoi, puisqu’un peu avant cette collaboration, Philippe Catherine avait aussi commencé à se distinguer en tant que compositeur, une de ses pièces a même été reprise par la tête pensante du groupe de rock psychédélique Soft Machine, Robert Wyatt. C’est dire qu’en ces temps-là, les ponts vers d’autres styles et univers que le jazz existaient déjà.
Les années 1980 furent surtout marquées par la participation à des albums de collègues comme Didier Lockwood, avec lequel il forma un trio à succès. Mais ce n’est qu’en 1983 qu’il forme un nouveau trio plus légendaire encore avec Chet Baker et Jean-Louis Rassinfosse. Un groupe qui tourna en Europe et à travers le monde pendant plusieurs années. En 1985, il forme un nouveau groupe avec Hein Van de Geyn à la basse et Aldo Romano à la batterie. Ensemble, ils enregistrent trois albums « Transparence », « September Sky » et « Oscar » – un hommage au père de Philippe Catherine.
Tandis que les années 1990 furent marquées par des collaborations un tantinet plus exotiques et expérimentales, entre autres les albums enregistrés avec Tom Harrell, c’est dans la première décade de ce nouveau millénaire que Philippe Catherine trouve sa vraie consécration : des prix musicaux à gogo, des collaborations avec des grands orchestres et avant tout la création de son tout premier album solo : « Guitars Two », en 2008. Son dernier enregistrement, « Live at Cap Breton » (avec Enrico Pieranunzi, Hein Van de Geyn et Joe LaBarbera), date, lui, de 2010.
Pour ses prestations à l’Ouest du Luxembourg, Philippe Catherine s’est adjoint les services de trois jeunes : le pianiste italien Nicola Andrioli. le bassiste Philippe Aerts et le batteur belge Antoine Pierre – à vous donc de voir si vous voulez passer une soirée avec une légende.
A l’Inouï, encore les 14 et 15 septembre.