ARCELORMITTAL: A feu doux

Des pertes de 548 millions d’euros au troisième trimestre, une internationale syndicale qui se forme et un vieux concurrent qui réapparaît : la semaine d’Arcelormittal n’était pas de tout repos.

Non, les choses ne sont pas au beau fixe dans le monde de l’acier. Arcelormittal, son numéro un, vient de publier ses résultats du troisième trimestre 2012. Même si les prévisions les plus pessimistes des analystes ne se sont pas vérifiées, l’heure n’est pas à l’optimisme : la perte nette de 548 millions d’euros se compose aussi de 303 millions perdues dans le segment des aciers plats carbone en Europe, ce qui ne laisse présager rien de bon pour le futur. Comme l’a formulé Lakshmi Mittal lui-même, en marge de la publication des résultats : « Dans ce contexte, la Société se concentre sur la réalisation de son plan d’optimisation des actifs, sur la réduction de la dette nette, ainsi que sur les améliorations de productivité et d’efficacité. »

Ce qui veut dire : continuation de l’abondon de l’industrie de l’acier européenne, de tous les fleurons qui étaient au centre de la bataille de 2006. Il semble tout simplement que la stratégie d’Arcelormittal ne paie pas, que son expansion qui visait à contrôler tous les éléments de la production de l’acier l’a fragilisé car la chute des prix du minerai de fer l’a aussi affecté. Mais c’est surtout la politique industrielle en Europe qui est au centre de la critique syndicale : « Alors que seulement des sites intégrés – qui comprennent une phase à chaud et une phase à froid – sont vivables, Arcelormittal ne cesse de les scinder en deux, comme à Liège et à Florange », expliquait Francis Gomez, responsable de la politique industrielle d’Arcelormittal à Liège du syndicat MWB-FGTB, lors de la conférence de presse commune, lundi dernier, avec l’OGBL, la CGT française et la Setca-FGTB, qui représente les fonctionnaires industriels belges. « Pour soi-disant épargner de l’argent, Arcelormittal fait fabriquer des brames d’acier hors de l’Union Européenne, pour les transporter via Dunkerque dans ce qui reste de ses sites en Grande Région. A mon avis, c’est un non-sens », renchérit-il. Le responsable de l’OGBL, Jean-Claude Bernardini, voit les choses du même oeil : « Arcelormittal fait fausse route, sa stratégie est celle d’un abandon ». Et de souligner que tous les rapports – ils sont au nombre de cinq – commandés par les syndicats, démontrent que l’ensemble des sites sont rentables.

D’ailleurs, le rapport concernant les sites de Schifflange et de Rodange sera publié dans la semaine à venir, selon Jean-Claude Bernardini.

Côté français, chez la CGT donc, l’analyse se ressemble : Philippe Martinez pointe du doigt l’exemple de Florange pour enfoncer Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, qui se gargarise en disant qu’il a fait céder Arcelormittal et qu’il trouvera un repreneur pour les hauts-fourneaux de Florange. Alors que la toute nouvelle banque publique d’investissement a tout de suite clarifié à ce sujet qu’elle n’investirait pas dans les canards boiteux, donc qu’une reprise publique n’est de toute façon pas envisagée ».

Tout de même, un repreneur a fait sa réapparition cette semaine : Severstal, derrière lequel se cache l’oligarque russe Alexej Mordachov, Ce n’est pas la première fois que Severstal lorgne vers la sidérurgie européenne : en juin 2006, en pleine bataille de la reprise d’Arcelor par Mittal, l’ancien PDG d’Arcelor, Guy Dollé, avait fait des avances à Severstal pour parer l’OPA indienne, mais sans succès. Et puis, en février 2008, lors des promesses tonitruantes de l’ex-président Sarkozy aux ouvriers de Gandrange, son nom s’est remis à circuler dans la presse en tant que repreneur éventuel du site – par le biais d’une firme italienne, Lucchini, qui appartient au groupe russe. Mais jusqu’ici, toutes ces tentatives sont restées infructueuses et on voit mal ce que ferait Severstal avec deux hauts-fourneaux quelque part en Lorraine, sans possibilité d’affiner cet acier sur place. Il doit y avoir anguille sous roche. Reste à savoir comment réagira la classe politique, qui jusqu’ici n’a toujours pas dépassé le stade des annonces et des promesses.


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