Grande offensive de charme cette semaine contre le racisme. Presque tout le monde s’est rallié à l’initiative « Making Luxembourg » où tout doit être débattu sans tabous.
C’est ce qu’on appelle un lancement en grande pompe. Rendez-vous sur le quai 3 de la gare centrale à Luxembourg à dix heures moins le quart pour une séance photo devant un wagon des CFL affrété pour l’occasion. Une grosse opération de « marketing » en somme, ce qui n’a rien d’étonnant étant donné qu’elle est soutenue par deux agences de communication (Comed et Binsfeld). C’est peut-être la raison pour laquelle la campagne ressemble à une pub pour « Benetton ». Affublés de ces désormais fameux t-shirts dont chaque propriétaire peut définir lui-même les quatre pourcentages qui le composent (sauf le « 0 % Rassist », qui, on le comprend, n’est pas négociable), des citoyen-ne-s de tous âges et de toutes origines se sont prêté-e-s au jeu.
Ainsi, quelques « ambassadeurs » ont posé devant le wagon en question, orné de quelques autres effigies et qui roulera avec une année durant. Ensuite, conférence de presse monstre au centre de conférences de la gare – une bonne quarantaine de personnes sont présentes et pas uniquement des journalistes. L’objet de tout ce remue-ménage ? Le lancement de l’initiative « Making Luxembourg », dont vous avez certainement eu l’occasion d’entendre parler. Et non, ce n’est pas une initiative de l’Asti, ce que souligne d’emblée sa présidente, Laura Zuccoli.
En effet, on peut dire que l’initiative n’est pas isolée. Lors du lancement, 73 « partenaires du monde socio-économique, culturel, sportif et associatif » ainsi que de nombreux médias (dont le woxx) s’y sont ralliés. Et la liste n’est pas close : pendant toute la durée de l’initiative, d’autres organisations pourront s’y affilier. La date à laquelle la campagne prendra fin n’est quant à elle pas mal choisie car ce sera à la veille des élections sociales où tous les salariés du pays peuvent participer.
Il n’est donc pas étonnant qu’en plus du représentant du « monde associatif », Pablo Sánchez, et de celui de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), Pierre Bley, les représentants de trois chambres (fonctionnaires et employés public, agriculture et salariés) ont pris la parole à tour de rôle pour justifier leur participation au projet. Pour Pol Gantenbein de la Chambre d’agriculture, c’est surtout la PAC pour le volet européen (dont le bilan est pourtant contestable, mais c’est une autre histoire), ainsi que la forte présence historique de saisonniers étrangers (Hollandais, Portugais, Européens de l’Est). Le représentant du patronat, Pierre Bley, fait l’éloge de la « multiculturalité » au sein des entreprises, tandis que Norbert
Tremuth, représentant des salariés, dépeint un monde bien moins rose, pointant no-tamment du doigt la faible participation des frontaliers aux élections sociales alors qu’elles les concernent di-
rectement.
Ce genre d’ini-tiative contre le racisme où tout le monde participe est néanmoins à double tranchant. Peuvent-elles poser les questions essentielles concernant le racisme ? Est-ce un phénomène à traiter d’un point de vue moral ? Quel est le lien avec la dégradation économique et sociale du pays (question à poser à l’UEL) ? Qu’entend-on d’ailleurs par racisme ?
Les organisateurs ont le mérite de vouloir aborder tous ces sujets « sans tabous », notamment à travers des discussions sur les réseaux sociaux. L’idée est également de ne pas se limiter à prêcher les convaincus, ce qui explique le logo inspiré de l’estampe « Made in Luxembourg ». Mais dans la même logique, il serait peut-être judicieux de traduire les très intéressantes réponses de la rubrique FAQ en luxembourgeois. Histoire de ne pas oublier qui reste à convaincre.
Pour plus de renseignements, visitez le site www.makingluxembourg.lu