L’homme est fort en toutes circonstances. Vraiment ? Certains, beaucoup même, sont en fait au bout du rouleau. Désormais, il existe un service pour leur venir en aide.
Si la femme est non pas le sexe faible, mais le sexe « affaibli » par des siècles de domination masculine, l’homme, paradoxalement, est loin d’être aussi fort que la société qu’il a créée à son image. Se montrer fort en toutes circonstances, protecteur envers sa famille, faisant stoïquement face aux tempêtes de la vie. Le modèle patriarcal est lourd à porter : pour les femmes et pour les hommes.
Désormais, les hommes fatigués et lessivés auront un point de chute : l’a.s.b.l. « Act together » vient d’ouvrir les portes d’un centre d’accueil baptisé « Infomann » à Bonnevoie. L’ironie du hasard a fait qu’il se situe dans la « rue du Couvent ». La genèse de ce service est aussi assez récente : elle remonte à 2011, suite à la présentation d’un rapport commandité par le ministère de l’Egalité des chances (Méga) et qui portait sur un état sur la situation des hommes et des garçons. Ce sont finalement deux gestionnaires, la « Fondation maison » et la « Fondation pro familia » qui se sont portées volontaires pour porte un tel service et qui en ont rédigé le préconcept. Ce qui n’était pas un hasard, c’est qu’il a officiellement ouvert ses portes le 19 novembre, c’est-à-dire lors de la journée internationale de l’homme. Plutôt méconnue, cette journée n’existe depuis d’ailleurs pas très longtemps : elle fut instituée en 1999 et a reçu le soutien des Nations unies.
Au Luxembourg, « Infomann » jouit directement du soutien du Méga. Si ce service est une nouveauté au Luxembourg, il existe déjà depuis un certain temps dans d’autres pays, notamment dans l’espace germanophone, comme en Suisse, en Autriche ou en Allemagne, avec le « Bundesforum Männer ». La ministre de tutelle, Françoise Hetto-Gaasch a d’ailleurs pris la parole lors de l’inauguration. L’occasion pour les responsables du projet de lui passer à plusieurs reprises le message qu’une augmentation de moyens prochaine serait la bienvenue. Pour l’instant, « Infomann » occupe trois hommes : un secrétaire administratif, Nico Theisen, un pédagogue, Alexandre Kries, ainsi que le responsable du service, le psychologue Francis Spautz. Dans un long discours, Spautz a expliqué la raison d’être du service.
D’une certaine manière, la question de l’homme à bout de forces ou de ressources psychologiques reste un tabou. Précision : le service ne s’adresse pas aux hommes responsables de violence domestique et « Infomann » les redirigera immédiatement vers l’association « Riicht eraus » qui s’occupe de cette problématique. Car le travail d’« Infomann » est à comprendre comme un travail en amont : le service a l’ambition d’intervenir sur les conséquences du rôle de genre traditionnel dans notre société très hétérogène du point de vue aussi bien économique et social que culturel. Et cela commence dès l’enfance : « Les garçons sont exposés à la pression des médias et des groupes sociaux auxquels ils appartiennent et des représentations de la virilité qu’ils transmettent. Or, ces images sont souvent en contradiction flagrante avec la réalité qui les entoure. Cela peut mener à des conflits et ils ont besoin de soutien pour les résoudre », explique Spautz. Et cela peut se traduire par des manifestations néfastes assez répandues telles que la toxicomanie, l’alcoolisme, la violence, les délits routiers ou encore la délinquance, qui représentent aux yeux de Spautz un recul de la pulsion de vie. C’est bien connu : le sexe dit fort aime à se montrer conquérant. Il n’en est pas moins mortifère.