POP/ROCK: Fin de danse

Quand il s’agissait de citer un groupe luxembourgeois à succès, les Eternal Tango étaient longtemps le numéro un. Pourtant, les aléas de la vie ont eu raison de leurs rêves de rock stars. Tentative d’hommage et d’analyse.

Une salle de répétition vide, c’est tout ce qui restera d’Eternal Tango… à part de bons souvenirs.

L’histoire d’Eternal Tango a commencé sous une bonne étoile. Quand ils publient en 2004 leur premier split-EP avec le groupe Spyglass – défunt depuis bien des années – ils sont directement remarqués par la critique allemande et le magazine « Visions » – qui est tout de même un leader d’opinion en matière de nouvelles tendances – les nomme « Demo des Monats ». Et pourtant, le son d’Eternal Tango sur ce disque est à des milliers de kilomètres de celui qui les rendra si populaires par après.

A l’époque, au Luxembourg du moins, c’était le début du règne du metalcore, ce style hybride entre la dureté du metal et la fluidité du hardcore. Et aussi bien les chansons que les textes reflétaient cette humeur mélancolique, sombre et brutale, qui sied à tout groupe metalcore qui se respecte. Les Eternal Tango s’apprêtaient encore à rentrer dans les lignes de l’autre grand groupe luxembourgeois, Def Dump, qui est resté fidèle à sa ligne très hardcore pendant toute son existence. Néanmoins, quelque chose doit avoir altéré leurs plans. Peut-être était-ce l’entrée dans le groupe de David Moreira, leur nouveau chanteur au charisme ravageur, qui les a fait changer d’avis. Toujours est-il qu’en 2006, Eternal Tango réapparaît avec un son totalement changé. La dépression semble avoir fait place à des sons plus festifs et résolument tournés vers la pop. En même temps, le chant mélodieux de Moreira avait tout pour séduire ? surtout les jeunes filles, comme diront certains.

C’était aussi l’époque des nombreux « contests » et autres tremplins musicaux. Et le groupe, empli de sa toute nouvelle énergie, n’attendait manifestement que cela pour rebondir. Après une victoire au « Battle of the Bands », qui les amena une première fois à Cologne, puis une tournée portugaise improvisée, ils furent les premiers gagnants luxembourgeois du « Printemps de Bourges » et se lancèrent dans l’enregistrement de leur premier album « First Round at the Sissi Café », paru en 2007. Les tournées s’enchaînaient, les prix musicaux aussi – au « Elie Music Award » luxembourgeois entre autres, des vidéos furent tournées, dont une atterrit même sur MTV et d’autres chaînes musicales? Bref, tout semblait réussir à Eternal Tango. Tout sauf le fait de pouvoir vraiment vivre de leur musique. Car même si jouer devant des milliers de spectateurs sur de grandes scènes a une belle allure, cela ne suffit pas pour payer le loyer. Les musiciens d’Eternal Tango s’en plaignaient déjà dans le rockumentary que Govinda Van Maele dédia à la scène luxembourgeoise en 2010, « We Might As Well Fail » – une sorte de sombre prédiction vue de nos jours.

Pourtant, à l’époque encore, les Eternal Tango avaient encore de beaux jours devant eux et la parution de leur deuxième album à succès « Welcome to the Golden City » en 2010 en témoigne. Mais, à partir de 2011, le groupe s’enveloppait d’un manteau de silence. On les disait en studio en train de peaufiner un son totalement différent, ou déjà séparés. En tout cas, jusqu’en automne 2012, leurs apparitions s’étaient faites très rares. Ce qui fait aussi que l’annonce de leur séparation n’a pas choqué outre mesure le public local.

Ainsi se termine donc la première success story commerciale du rock luxembourgeois. Gageons que parmi les nombreuses personnes qui seront à leur concert d’adieu s’en trouveront aussi qui les maudissaient alors qu’ils existaient encore, tant leurs choix ultra-commerciaux et leur tendances pop ont pu agacer les oreilles les plus exigeantes. Pourtant, ils ont ouvert la voie au rêves de rock stars et même si finalement ils ont laissé tomber, on doit leur dire merci d’y avoir cru et de nous avoir fait y croire aussi.

Eternal Tango, concert d’adieu, ce samedi 22 décembre à l’Atelier.


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