PREMIER MAI: En avant !

Le monde du travail et la société tout entière font face à l’organisation d’une nouvelle société qui leur est hostile. Aux syndicats de sonner l’alarme.

« La Grèce est le laboratoire dans lequel sont testés les différents poisons », écrit le secrétaire général du Landesverband Jean-Claude Thümmel dans le « Signal » du 12 avril. Cette grille de lecture est de plus en plus partagée. La Grèce est à l’Europe ce que l’Argentine fut à l’Amérique latine. Rien de neuf sous le soleil, le FMI, bras institutionnel du grand capital, est un apprenti sorcier. Les remèdes sont toutefois toujours les mêmes : il ne s’agit pas uniquement de baisser graduellement salaires, pensions et prestations sociales afin d’augmenter les marges bénéficiaires du grand patronat. Ou de brader les biens publics. Il s’agit aussi et surtout de remodeler l’Etat et les relations sociales en profondeur.

« Le monde du travail se mordra les doigts s’il n’intervient pas avec force et sans craindre les conflits. »

Il s’agit de recréer des sociétés privées de pouvoir politique fondamental, de faire primer la loi patronale sur la loi nationale (comme la « gauche » française vient de le valider), de maintenir le gros de la population en état de précarité permanente, assujettie aux desiderata des « impératifs » des marchés considérés comme des lois naturelles, tout en les poussant à une surconsommation de biens inutiles. Inutiles sauf à pallier l’état de dépression individuelle et, surendettement oblige, à assurer l’enchaînement à la banque. Et tout en haut, les médias qui appartiennent aux mêmes qui dictent ce nouvel ordre rivalisent de bêtise et de vulgarité, histoire de « berlusconiser » l’Europe tout entière.

C’est dans ce contexte que le monde du travail célébrera sa fête lors du 1er mai. Plus qu’un jour férié, cette journée permet également aux organisations syndicales de se rassembler et de se faire entendre. Et pour les syndicats, l’année 2013 est particulière : en plus du contexte global de tensions sociales et politiques, elle sera marquée en octobre par la tenue des élections sociales. Sans oublier que dans une bonne année, ce sera l’ensemble des citoyens (mais malheureusement pas du salariat), qui ira aux urnes pour élire au nouveau parlement.

La première élection est importante, car elle permet aux syndicats d’asseoir leur légitimité les uns par rapport aux autres. Dans son éditorial, le président de l’OGBL lance un message de premier mai. Mais il trace également les grandes lignes de l’action de son syndicat et promet de « défendre bec et ongles notre Etat social ». La seconde élection est tout aussi essentielle, car elle ouvre une marge de manoeuvre aux syndicats. Il y a quatre ans, en 2009, les syndicats avaient organisé à quelques jours des élections législatives une grande manifestation unitaire sous le slogan « Nous ne paierons pas pour leur crise ». Plusieurs partis s’étaient plus ou moins ralliés à ce mot d’ordre, y compris les deux qui allaient former la coalition gouvernementale. A chacun de juger dans quelle mesure ce mot d’ordre a été pris au sérieux. En tout cas, il devient de plus en plus clair, et les syndicats le savent, que la marche à suivre est tout indiquée : lors de la table ronde du woxx cette semaine (voir page 6), le ministre de l’Economie Etienne Schneider n’a pas hésité à parler de coupes dans les prestations sociales si la croissance devait se situer sous la barre des quatre pour cent. Et pour garder cette croissance, il fallait prendre des mesures favorisant la « compétitivité ». Le serpent se mord la queue. Et le monde du travail se mordra les doigts s’il n’intervient pas avec force et sans craindre les conflits, qui, de toute façon, sont inéluctables.


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