RACISME: 100 % ?

Le bilan à mi-parcours de la campagne « Making Luxembourg » initiée par l’Asti est en demi-teinte : d’un côté, l’association se félicite de son succès, de l’autre, elle ne s’est pas fait que des amis.

Côté chiffres, l’initiative « Making Luxembourg » est un plein succès. Partie avec 72 partenaires en novembre 2012, elle en comporte 96 aujourd’hui. La présence médiatique est aussi dans le positif : quelque 500 spots radio, des publications en hausse dans la presse et des spots à la télévision comme au cinéma. Au point de vue campagne interactive, tout semble baigner également, même si 1.200 « likes » sur Facebook, ce n’est pas vraiment un raz-de-marée. Pour compenser cela, on peut dire que les ventes de t-shirts avec le motif bien connu et individualisable – où on peut s’attribuer en pourcentage son identité, pour toujours arriver à la même conclusion de « 0 % raciste » – est assez respectable avec 724 commandes.

Si la visibilité de la campagne ne fait aucun doute, les problèmes sont plutôt à chercher du côté de l’efficacité. Pour Sergio Ferreira, le porte-parole de l’Asti, ce sont surtout les hommes politiques qui manquent dans l’arène : « On aimerait bien que le monde politique en débatte plus sérieusement. Nous constatons une hausse des tendances racistes dans nos pays limitrophes et au Luxembourg, on n’est pas à l’abri non plus. Comme Jean-Claude Juncker l’a constaté lui-même dans une interview avec un journal allemand, les vieux fantômes de l’Europe sont-ils sur le chemin du retour ? », déplore-t-il. Pourtant, on peut se demander si une campagne un peu bon enfant comme « Making Luxembourg » est le moyen adéquat pour contrer ces tendances. Une question que s’est aussi posée la chercheuse de l’Université du Luxembourg, Sonja Kmec, dans l’avant-dernier numéro du magazine forum. Et à laquelle elle a opposé un sérieux doute, tant sur la forme – « est-ce qu’une identité est quantifiable ? » – que sur le fond, vu qu’il est impossible d’exister sans préjugés. Si Sergio Ferreira salue le fait que la campagne soit débattue dans les milieux intellectuels, il ne partage pourtant pas la critique de Sonja Kmec : « Je ne suis pas d’accord. On est tous des êtres rationnels, et si on travaille sur soi-même on peut très bien en arriver à se défaire de tous les préjugés. »

« On peut très bien se défaire de tous les préjugés. »

Pourtant, même si la campagne de l’Asti est un peu partout, son impact sur les milieux racistes au Luxembourg est quasiment nulle. A l’image d’un nouveau groupe « anti-racaille » sur le réseau social Facebook cette semaine, qui avait déclenché un petit scandale, puisque les fondateurs, anonymes comme ils le sont toujours, avaient ajouté nombre de politiciens et de journalistes à leur groupe, sans leur demander la permission. En général, une décrue de commentaires racistes sur l’internet n’est pas constatable, même après la condamnation, en guise d’exemple, de quatre personnes il y a quelques mois – un fait que Sergio Ferreira salue : « Nous sommes heureux de constater que les tribunaux font leur travail, ça nous donne de la force. » Pourtant, la campagne de l’Asti n’est elle-même pas à l’abri des détournements. Comme on a pu le voir il y a quelques mois, une des têtes de file de cette nouvelle extrême droite qui ne dit pas son nom mais préfère des descriptions comme « mouvement identitaire », avait lui-même rempli le questionnaire de l’Asti et l’avait publié sur son site. Mais cela ne semble pas déranger le porte-parole de l’Asti outre mesure : « Ce jeune homme est en contradiction intellectuelle. Si j’étais lui, j’irais voir un psychiatre. »

Plus d’infos : www.makingluxembourg.lu


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