„Bridget Jones’s Diary“ de Sharon McGuire est une comédie qui sait convaincre durant … 45 minutes.

Bridget trouve rapidement l’amour
dont elle rêve …
FEMINISTES S’ABSTENIR
Mais quand vont-ils baiser enfin?
(gk) – Le film commence bien: Bridget Jones est une héroïne qui n’a rien du physique d’une top-modèle. Elle boit trop, fume trop et tient un journal intime pour pouvoir s’avouer ouvertement ses défauts, premier pas pour devenir une personne meilleure. Durant trois quarts d’heure on suit ainsi la radieuse Renée Zellweger de gag en gag et l’on rigole beaucoup. L’humour est parfois plutôt limite – le pire exemple étant la mère de Bridget qui lui conseille de ne plus s’habiller comme si elle sortait tout juste d’Auschwitz -, mais il faut bien avouer que cette presqu’heure passe de manière assez agréable. Par exemple, la courte apparition de Salman Rushdie, jouant le grandiose auteur contemporain qu’il est en réalité, est l’une des curiosités les plus réussies de cette comédie.
Bridget trouve rapidement l’amour dont elle rêve en la personne de son patron – joué par Hugh Grant, toujours très bien dans le rôle du séducteur qui sait faire rire et donc se faire aimer – et le public s’en réjouit avec elle.
Mais cet amour s’installe dès les premières vingt minutes. On se doute donc bien que ce beau jeune homme doit, en fait, cacher son jeu et que cette relation ne sera finalement pas la bonne. Bingo! Le vilain garçon couchera bientôt avec une femme plus mince que Bridget.
Le bonheur par l’homme?
Par après, l’humour du début tombe rapidement à plat. Et le film devient de plus en plus stérile et prévisible, jusqu’à être carrément agaçant. En premier lieu: C’est quoi cette obsession de ne pouvoir être heureuse qu’en couple? Etre seule n’est sûrement pas la situation la plus stimulante qui soit, mais le bonheur d’une femme serait-il uniquement dépendant du fait qu’elle ait un homme à ses côtés?
Hugh Grant n’est donc pas le prince charmant qu’il prétend être et „Bridget Jones’s Diary“ abandonne ainsi ses allures de „Notting Hill“ inversé. Il est clair dès lors que l’homme avec qui Bridget trouvera finalement ce bonheur éternel tant anticipé, sera cet anglais d’une froideur exécrable qu’elle a rencontré dès la première scène. On réhabilite donc ce personnage: sous sa carapace de dur inapprochable bat un coeur en or et frémit un amour sincère. Les deux s’avouent qu’ils s’aiment bien, mais le film n’en est qu’à la moitié.
Suivent alors des rebondissements sans grande originalité, qui feront que les deux ne deviendront le couple parfait qu’ils pourraient être qu’à la dernière minute du film. Au bout du troisième de ces rebondissements calculés, on en a vraiment marre et on n’attend plus qu’une chose: que ces deux tourtereaux coincés baisent enfin ensemble. Un acte sexuel qui se traduit, comme dans toute comédie „mainstream“ aseptisée, en un fameux baiser final – scène durant laquelle on nous montre une dernière fois le „gros“ cul de Renée Zellweger, assez sexy dans cette petite culotte aux rayures tigrées.
Voilà pour l’histoire de „Bridget Jones’s Diary“. Ne parlons pas de la réalisation de Sharon McGuire, d’une fadeur et d’un conventionnalisme tétanisant. Quant au best-seller d’Helen Fielding, qui voudra bien encore le lire après cette adaptation, dont l’unique attrait est, en fin de compte, une Renée Zellweger, qui sait interpréter Bridget de manière vraiment attachante?