Comme l’ont déjà prouvé plusieurs sorties ces dernières années, le „grand“ film tiré d’une série télévisée ne tient que rarement ce qu’il promet. Il va de même pour „Absolument fabuleux“.
Absolument désolant
Patsy (Nathalie Baye) et Eddie (Josiane Balasko), deux copines inséparables, ex-reines de la mode, déjantées et potaches à souhait; la cinquantaine arrosée au champagne, sniffée à la coke, elles sont défoncées en permanence et fan de Jean-Paul Gauthier. Une vie entière dédiée à la fête totale, parfois interrompue par Saffrane (Marie Gillain), la fille
d’Eddie, jeune femme sérieuse, diamétralement l’opposée de sa dingue de mère. Accessoirement apparaît un jeune homme, Jonathan, amoureux de Saffrane mais dragué par Eddie, ce qui donnera lieu à quelques quiproquos à peine savoureux.
En adaptant la série culte anglaise, „Absoluty Fabulous“, Gabriel Aghion (Pédale douce), qui jusque là ne nous avait pas habitués à faire dans la dentelle, dépasse ici la frontière de la simple provocation pour sombrer dans le déjanté lourdingue où pas une réplique ne rattrape l’autre. On est loin, très loin de l’humour original de la série, un mélange de délire trash mêlé de cette inimitable touche anglaise qui parvenait à éviter le piège de la vulgarité.
Certes, il reste le choix des acteurs et plus particulièrement celui de Nathalie Baye, à l’interpretation „absolument fabuleuse“. Elle joue, avec manifestement beaucoup de plaisir, cette égérie sur le tard, ravagée par les excès mais toujours belle, séductrice aux m´urs débridées. Josiane Balasko que l’on est moins surpris de voir dans ce registre, en fait des tonnes là où il aurait été plus judicieux de ne pas forcer son jeu. Elle tient néanmoins le choc face à sa „compagnone“ de beuverie, sans parvenir à faire ressortir le côté touchant qu’on lui à déjà vu dans d’autres films.
Quant à la confrontation Marie Gillain contre le duo des deux shootées à l’extasy, supposée faire tout le sel du film, elle ne tient malheureusement pas ses promesses. Marie Gillain est parfaite dans son déguisement de jeune fille sérieuse, très agacée par les frasques de sa mère; il lui manque cependant de bons dialogues (un mauvais point à Pierre Palmade, d’habitude plus inspiré) pour assumer son rôle jusqu’au bout.
Reste les petits plus qui ne sauvent nullement le film du naufrage mais dont on peut tirer un petit plaisir de spectateur: l’apparition de Chantal Goya se parodiant elle-même, déguisée en Bécassine façon Jean-Paul Gauthier et chantant „Bécassine, is my cousine“ en remix dance … ça vaut le déplacement. On ignorait la capacité d’auto dérision de la chanteuse mais on en sait un peu plus aussi sur ses dons d’actrice plus que limités. Les apparitions de Jean-Paul Gauthier, Stéphane Bern et autres célébrités du tout Paris sont autant de clins d’´il sympathiques mais qui ne suffisent pas à nous faire avaler cette farce grotesque et indigeste.
Gabriel Aghion n’a pas compris que plus le délire est grand, plus l’équilibre est précaire et qu’il faut être exceptionnellement doué pour prétendre marcher sur un fil en chaussures de montagnes.
Un conseil, retournez à la série, elle est de bien meilleure facture.
Au Ciné Utopolis