Avec „Black Hawk Down“ Ridley Scott lève le voile sur la bataille de Mogadicio de 93: les américains n’étaient pas les „bons“, comme on a voulu nous le faire croire – et ils en ont pris plein la gueule.
Au coeur de l’enfer
Après avoir exploité sous tous les angles la seconde guerre mondiale et celle du Vietnam, Hollywood, à travers Ridley Scott, s’intéresse à une autre guerre, l’intervention américaine en Somalie. Le réalisateur part d’un fait authentique qui est passé quasiment inaperçu dans nos livres d’histoire. Le 3 octobre 1993, les marines se rendent au c´ur même de Mogadiscio pour capturer les principaux lieutenants et chefs de guerre locaux. Au départ, la mission ne devait durer qu’une heure, mais les Américains tomberont dans un piège qui fera de cette bataille un véritable massacre avec 19 Américains, deux hélicoptères et 1.000 Somaliens restés sur le tapis.
Tout comme dans d’autres films traitant de la guerre, rien ne nous est épargné: la souffrance, les cris, le sang, la peur et la cruauté sont les ingrédients principaux de ce genre de long métrage qui devrait nous faire réfléchir sur cet acte de barbarie. En nous plaçant au c´ur des combats, Ridley Scott montre ce qu’était vraiment cette guerre qui, contrairement à ce que l’on nous a fait croire à cette époque, n’avait rien de chirurgical. Grâce à une mise en scène époustouflante, le spectateur ne perd pas une miette de ces combats horribles et il ne peut rester indifférent à ce qu’il voit. Ridley Scott va même plus loin en soulevant des questions de conscience: un enfant armé qui tire sur les Américains, faut-il l’abattre ou lui laisser la vie sauve?
Questions de conscience
Pendant près de deux heures, sa caméra se balade, au gré des balles qui sifflent sur le champ de bataille, nous offrant quelques prises de vues magnifiques comme celles consacrées au vol des hélicoptères où, une fois encore, on a l’impression de faire corps avec les soldats. A aucun moment, Ridley Scott ne tombe dans le cliché des images, il filme cette guerre à sa manière sans vouloir faire du Spielberg ou du Kubrick.
En nominant à huit reprises ce film pour les Oscars 2002, l’Académie ne se trompe pas, considérant ce long métrage comme un grand film. Mais il faudra voir s’il sera consacré à sa juste valeur. En effet, Ridley Scott n’hésite tout de même pas à faire le procès de l’armée américaine en montrant tout d’abord la suprématie, puis les erreurs stratégiques de l’Etat-major, qui a conduit au massacre ses hommes bien trop sûrs d’eux. Et ensuite, il pose les bonnes questions, comme celle de l’utilité de la présence de soldats américains pour mettre fin à l’anarchie meurtrière en Somalie.
Une fois de plus, Ridley Scott fait appel à la conscience du spectateur. „Black Hawk Down“ n’est pas un simple film de guerre où les Américains sont les plus forts. Il s’agit d’un film de conscience où il retrace un fait réel dans toute son horreur, sans imposer son point de vue. Au contraire, il laisse le spectateur se faire une idée sur l’utilité de ce conflit qui, pourquoi pas, aurait pu être évité.
Les seuls regrets que l’on a, c’est la longueur du film qui nous bombarde durant près de deux heures de scènes atroces qui bien trop souvent se ressemblent et donc finissent par ne plus nous impressionner. Mentionnons également quelques rares recours à des clichés ainsi que l’absence totale d’explication de la motivation des Somaliens. Ils ont pour seul rôle d’être des machines à tuer, ni plus ni moins. Même si Ridley Scott évite le patriotisme excessif, on aurait tout de même aimé avoir quelques scènes tournées dans le camp adverse pour encore mieux comprendre les finalités de cette guerre qui, comme toutes les guerres, nous paraît être d’une stupidité déconcertante.
Thibaut Demeyer
A l’Utopolis