Davis Carl: LIVE CINEMA

25 années d’existence pour la Cinémathèque luxembourgeoise et 15 ans de „live cinema“ se fêtent en images signées Buster Keaton et Charlie Chaplin et en musiques composées et dirigées par Carl Davis.

Grâce au Luxembourg

woxx: Jusqu’à quel point étiez-vous sous la direction de Buster Keaton pour „The General“?

Carl Davis: Totalement. J’étais l’esclave du film. Composer pour un film muet est un travail tellement unique. Dans le cas d’un nouveau film, il y a toujours plusieurs personnes – réalisateur, producteur, etc. – qui créent, ensemble, quelque chose de nouveau. Dans ce cas-ci, je dois avoir un point de vue historique. Tous mes efforts – comme ceux des gens qui travaillent avec moi – ont pour but de donner vie aux images de Keaton.

Et comment rendez-vous musicalement le personnage de Buster Keaton?

Dans le film, il poursuit constamment un objectif, sauver le train. Il doit surmonter divers obstacles pour y arriver. L’important, d’un point de vue musical, est de rendre l’énergie qu’il fait passer sur l’écran lorsqu’on voit comment il se tire des différentes situations. Comme si la musique l’y aidait.

Quelle est votre scène préférée?

Laissez-moi réfléchir … Ah oui. Celle avec le canon, qu’il n’arrive pas à contrôler pendant tout un temps. Finalement, par un coup du destin, le train prenant un tournant juste au bon moment, il touche l’ennemi avec.

Et la scène que vous croyez avoir la mieux mise en musique?

Il y a une scène en particulier où, si j’arrive à bien être synchrone, j’obtiens à coup sûr les applaudissements du public. A la poursuite de ses ennemis, Buster doit écarter des bouts de bois de la voie ferrée, chemin de fer en marche. Installé devant sur la locomotive, cette dangereuse acrobatie se développe en une sorte de jeu. Au moment où il écarte le dernier bout de bois, il y a un effet „boing“ et un dernier accord triomphal. Si j’arrive à placer celui-ci de manière exacte, c’est un moment que j’aime beaucoup.

Les films muets que vous mettez en musique sont, pour la plupart, des classiques de grande envergure. Pourquoi ces choix?

Durant les quinze ans de collaboration passées, c’était pour la Cinémathèque, l’Orchestre Philharmonique et moi-même, une grande opportunité de faire ces gros films. Faire jouer un orchestre sur ce genre de films ne représentait, en outre, pas de problème. Maintenant nous travaillons aussi sur des films de moindre envergure. Des films à deux bobines – ce qui fait 20 à 25 minutes. En avant-programme de „The General“, il y aura ainsi „Easy Street“ de Charlie Chaplin. L’orchestre est alors subdivisé en des ensembles plus petits. Il faut mentionner également le programme pour enfants réalisé spécialement pour cet anniversaire et le montage fait à partir de tous les films sur lesquels nous avons eu l’occasion de travailler en 15 ans. Une sorte d’album de souvenirs.

Quelle est la première étape dans votre travail?

Je regarde le film.

Combien de fois?

Oh, pas aussi souvent que l’on pourrait le croire. Tout d’abord, pour avoir une première impression aussi juste que possible, il faut organiser une vision sur grand écran. En vidéo, on risque de perdre certains détails importants. Puis je travaille à partir d’une vidéo, qui m’aide à briser le films en plusieurs scènes. Je fais ainsi une sorte de livre sur le film où je note les différentes scènes et les détails importants. Puis je compose à partir de ces notes, utilisant la vidéo pour vérifier si la musique correspond bien à la scène du film.

Est-ce plus amusant de travailler – par exemple avec l’Orchestre Philharmonique de Luxembourg (OPL) – sur une comédie comme „The General“ que sur un drame grand style, façon „Napoléon“?

C’est plus dur en bien des aspects. Pour „Napoléon“ ou „Ben Hur“, la musique devait plutôt exprimer une atmosphère précise. Cette atmosphère peut parfois s’étirer sur plusieurs scènes. Dans le cas des comédies, il faut être très précis en matière de synchronisation musique-images, ce qui est bien plus dur à faire lors d’une performance publique.

Je voudrais dire encore que c’est vraiment une année spéciale pour nous. C’est aussi grâce à l’engagement de la Cinémathèque, en particulier de Fred Junck, et de l’OPL que ce „live cinema“ est devenu ce qu’il est aujourd’hui. Au début, c’était un concept conçu exclusivement pour le „London Film Festival“. C’est grâce à l’enthousiasme de Fred Junck et de l’orchestre que c’est devenu un projet international. C’est donc surtout grâce au Luxembourg que „live cinema“ a pu atteindre cette envergure.

Merci beaucoup.

Merci à vous. Et n’oubliez surtout pas de mentionner le montage des 15 ans de „live cinema“. Accompagner cette compilation de souvenirs avec l’orchestre me fait toujours un énorme plaisir.

La Symphonie du cinéma muet: „Easy Street“ de Charlie Chaplin et „The General“ de Buster Keaton le vendredi 15 et le samedi 16 mars, 20 heures, Conservatoire de musique, Luxembourg. „Special Family Edition“ avec „The Adventurer“ de Charlie Chaplin et „One Week“ de Buster Keaton le samedi 16 mars, 15 heures, Conservatoire de musique, Luxembourg. Réservations, tél.: 47 08 95.


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