Antoine Bardou-Jacquet
 : On a marché sur la lune


« Moonwalkers » a tous les ingrédients d’une bonne comédie déjantée – malheureusement, le cocktail est en fin de compte amer.

Pas vraiment un duo d’enfer : Ron Perlman et Rupert Grint.

Pas vraiment un duo d’enfer : Ron Perlman et Rupert Grint.

Traumatisé par des années passées avec les forces spéciales dans la jungle vietnamienne, Tom Kidman s’attendait à enfin pouvoir accéder à une retraite bien méritée selon lui. Ses supérieurs ne voient pas les choses du même œil et le sélectionnent pour une dernière mission ultrasecrète, quoique potentiellement beaucoup moins dangereuse que le « Nam ». C’est qu’on se trouve à un des points culminants de la guerre froide. Alors que les Russes ont humilié les Américains en lançant leur satellite Spoutnik, les États-Unis veulent au moins être les premiers à envoyer des astronautes sur la lune. Une mission qui doit réussir coûte que coûte. Et pour être vraiment sûrs de son succès, ils envoient Kidman à Londres avec une grosse valise pleine de livres anglaises, afin de payer le réalisateur Stanley Kubrick pour mettre en scène un faux alunissage – des images que les militaires veulent montrer au cas où la mission Apollo 11 serait un échec.

Désormais engagé dans la guerre de propagande, le mercenaire arrive dans la capitale britannique des Swinging Sixties et perd vite le nord. Le Kubrick qu’il rencontre n’est pas le bon, de jeunes hippies en manque d’argent vont l’escroquer et puis, assez vite, il va se faire des ennemis dans les rangs de la mafia locale…

Même si « Moonwalkers » n’est que le premier long métrage d’Antoine Bardou-Jacquet, ses producteurs auraient peut-être pu lui éviter un tel ramassis d’erreurs de débutant. Surtout que le setting était idéal. Un casting hautement intéressant avec Ron Perlman (qu’on connaît sous le maquillage de « Hellboy », mais qui trop souvent a été relégué dans les seconds rôles, même s’il arrivait toujours à y briller, comme dans « Le nom de la rose ») et Rupert Grint que les plus jeunes connaissent surtout pour son interprétation du caractère de Ron Weasley dans la saga « Harry Potter ».

Et puis le thème choisi – la théorie du complot entourant l’alunissage américain est aussi vieille que celui-ci – offrait une grande variété de rebondissements possibles. Finalement, le Londres des hippies est un décor qui a déjà servi à des comédies à succès (« Austin Powers » par exemple), donc fertile et sûr pour les premiers pas d’un jeune réalisateur.

Juste que « Moonwalkers » se perd un peu dans les dédales de sa propre histoire. Au fur et à mesure que le film avance, les faiblesses du scénario deviennent évidentes. Et, sans vouloir la révéler ici, la fin du film est carrément une déception, qu’on n’espère pas être un « cliffhanger » pour annoncer une éventuelle suite.

Ce sont surtout les clichés autour de la vie des hippies qui agacent. Comme si les sérieux traumatismes dont souffre Kidman, sur lesquels l’accent est mis surtout dans la première moitié du film, étaient guérissables avec un peu d’opium et de LSD. D’ailleurs, dans « Moonwalkers », la consommation excessive de drogues de toutes sortes semble être le remède à tous les maux et la principale occupation de toutes les personnes que Kidman rencontre dans son périple.

Qu’on ne s’y méprenne pas : des films excellents et drôles sur les excès de drogues existent, comme « Fear and Loathing in Las Vegas », mais « Moonwalkers » n’en fait définitivement pas partie. En fin de compte, le film est comme un trip trop léger – on voit bien des couleurs, mais ça ne décolle pas.

À l’Utopolis Kirchberg.

L’évaluation du woxx : X


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