Florence Doléac propose aux visiteurs du Cercle Cité de partager son univers mental avec son installation « Minute papillon », mise en scène d’une étrange chambre à coucher.
Depuis plus de vingt ans, la plasticienne française Florence Doléac invente des tables, chaises et autres mobiliers qui ont fait sa réputation dans le monde entier. Des créations fantaisistes et fantastiques qui réinventent le quotidien par trop codifié. La Toulousaine n’hésite pas à alterner fonctionnalité et inutilité dans la frénésie créatrice qui est la sienne. Ce faisant, elle oscille sans cesse entre production et exposition, savant dosage d’imagination en constante invention.
Chaque objet est une invitation à partager avec elle son univers mental, foisonnant et délirant. Alors, quand elle se lance dans l’aménagement d’une chambre à coucher, forcément, l’envie de s’arrêter et de rêver s’impose.
« Minute papillon » se veut un voyage introspectif et rétrospectif dans le monde de l’artiste qui, depuis vingt ans, surprend à chacune de ses sorties. Au cœur de l’exposition, « La chambre des rêves », créée en 2017, invite à se plonger dans l’univers de Max et les Maximonstres, le bestseller enfantin de l’Américain Maurice Sendak. Du sol au plafond, la pièce se pare des productions de Florence Doléac. Sur les rideaux sont imprimées les images issues de ses créations passées, décors oniriques tout droit sortis du cerveau de l’artiste. Chaque détail, chaque objet est ainsi minutieusement pensé, dans son unicité comme dans son ensemble.
Elle n’hésite pas à transformer un oreiller en chat, à habiller une chaise d’une cape ou encore à créer un terrier de taupe, totalement inutile et hautement hypnotique. L’intérieur pour Florence Doléac ressemble à un rêve éveillé, fou comme du Tim Burton. À se demander si ces objets ne s’animent pas à la nuit tombée, lorsque les salles du Cercle Cité s’éteignent pour les laisser vivre leur vie.
Le voyage s’avère passionnant, car l’installation parle autant de design que de création artistique pure. Le visiteur chemine d’une pièce à l’autre comme on se baladerait dans le cerveau de l’artiste. La perplexité succède au rire dans cette promenade pas comme les autres. Car au-delà de ses talents de créatrice, Florence Doléac aime à flirter avec les sciences cognitives, l’ethnopsychiatrie ou encore le chamanisme.
Rien d’étonnant dès lors de retrouver des objets qu’on attribuerait sans sourciller au Lewis Carroll d’« Alice au pays des merveilles ». Car l’imagination déborde dans chaque pièce, avec une force qui ne cesse d’interroger sur le sens des objets et, pour aller plus loin, sur le sens de nos sociétés de consommation.
L’expérience est à ce titre unique et dénote en cette année de Design City LX, la biennale du design organisée dans la capitale. Elle rappelle surtout qu’avant d’être utilitaire, la création d’un objet peut être un acte engagé et artistique. Une aventure poétique aussi.
Au Cercle Cité, jusqu’au 4 novembre.
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