Chœur de chambre de Luxembourg
 : Pléthore musicale


Avec l’exécution de « Carmina Burana » à la Philharmonie ce samedi, le Chœur de chambre de Luxembourg fait une incursion remarquée dans la musique profane. Une œuvre à découvrir ou à redécouvrir.

Le Chœur de chambre de Luxembourg à la Philharmonie en avril 2017. (Photo : CCL)

On avait pris l’habitude de l’entendre dans le répertoire sacré, où il faut bien dire qu’il excelle, comme en témoigne le concert qu’il a donné en avril de cette année à la Philharmonie avec le « Requiem » de Mozart. Mais le Chœur de chambre de Luxembourg, sous la direction artistique d’Antoniu Grosu, a décidé de frapper un grand coup en s’autorisant un écart profane, et c’est sur rien moins que la cantate « Carmina Burana » de Carl Orff que s’est jeté son dévolu. On pourrait même parler de grand écart de répertoire, tant les textes anonymes, trouvés dans un monastère et écrits en latin et en anciens dialectes allemand et français, sont en effet loin des préoccupations spirituelles. Ils traitent de sujets aussi terre-à-terre que les plaisirs de l’argent, de la gloutonnerie ou… de la chair !

Mais c’est la musique qui a assuré la postérité de l’œuvre, écrite en 1935-1936, et de son compositeur. Son puissant chœur introductif « O Fortuna » a été utilisé à foison dans des films ou des publicités, quelquefois au point de provoquer la saturation. Dommage cependant de s’en tenir à cette impression, car le reste de la pièce permet de découvrir le savoir-faire musical de Carl Orff, qui utilise un effectif pléthorique où les cinq percussionnistes tiennent un rôle décisif. Ce vendredi d’ailleurs, 200 musiciens, choristes compris, seront sur scène ! La musique de « Carmina Burana », à l’image de ses paroles par moments grivoises, est un déferlement savamment incontrôlé de rythmes et d’harmonies simples. Un étonnant contraste par rapport à la musique qui s’écrivait à l’époque, où les recherches sur la tonalité et l’harmonie poussaient certains compositeurs à des complexités harmoniques et formelles quelquefois intimidantes. Dans la cantate, Orff propose peu de développements musicaux – ce qui a conduit certains puristes à rabaisser l’œuvre -, mais des thèmes efficaces et une musique authentiquement populaire. Son exécution est en général le gage d’une salle bien remplie, ce qui n’a pas dû échapper à la Rockhal, qui en programmera la version de l’Opéra national de Russie en février prochain, avec ballets. Attention, le mastodonte arrive !

Sans composante scénique, le concert du Chœur de chambre de Luxembourg a cependant d’excellents atouts à faire valoir pour l’audience intéressée. D’abord, la possibilité de voir sur scène une formation de 80 chanteurs et chanteuses locaux, accompagnés par l’académie pour jeunes voix récemment créée par le chœur. Sous la baguette d’Antonio Grosu, c’est l’Orchestre de chambre du Luxembourg qui exécutera la partition instrumentale, renforcé par de nombreux extras. D’excellents solistes seront également de la partie, et le programme sera rehaussé par l’« Ouverture solennelle 1812 » de Tchaïkovski, histoire de se mettre dans le bain de la musique où le volume sonore atteint des sommets.

C’est donc à une soirée où la pléthore de musiciens rencontrera la réverbération sonore maximale que le Chœur de chambre de Luxembourg convie à la Philharmonie. Mais la subtilité des paroles ne sera pas en reste, et la suavité non plus. Une bonne manière de commencer les fêtes, si on y est sensible, et une bonne manière tout court de se faire plaisir.

Ce samedi 9 décembre à la Philharmonie.

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