Un vampire rôdera ce weekend dans le nord du Luxembourg, et il ne sera pas seul : le Cube521 présentera un ciné-concert d’exception avec l’ensemble Michel Bisceglia et DJ Buscemi, qui s’en prendront à « Nosferatu » de Friedrich Wilhelm Murnau.

Ils vont affronter le démon expressionniste en musique : Michel Bisceglia et DJ Buscemi. (© Bisceglia)
Sorti en 1922, « Nosferatu » est un de ces films qui feront pour toujours partie de l’imaginaire collectif. Basé sur une adaptation non autorisée du « Dracula » de Bram Stoker, ce chef-d’œuvre expressionniste mêle signes occultes, premiers effets spéciaux, érotisme et dépression – le tout incarné dans la figure inoubliable du comte Orlok, joué à l’écran par Max Schreck.
L’original étant un film muet, on ne compte plus les adaptations sonores enregistrées depuis ou jouées en live. Pourtant, voir l’adaptation de Michel Besciglia vaut sûrement le coup. Non seulement parce que le pianiste de jazz belge d’origine italienne est un soliste connu et reconnu, qui a fréquenté des pointures comme Toots Thielemans ou Dewey Redman, mais aussi parce qu’avec son trio il est régulièrement invité aux grands festivals du genre.
S’y ajoute que Besciglia a une prédilection pour la composition de bandes originales pour le cinéma. Une activité pour laquelle il a aussi récolté une large reconnaissance. Ainsi, il est à l’origine de pas moins d’une douzaine de musiques de film – comme « Hannah » (2017), « Bluebird » (2010) ou encore « Marina » (2013), basé sur les mémoires de Rocco Granata, oui, ce Rocco qui avec la chanson du même nom et sa voix rauque a connu un succès mondial en 1959. Pour ce dernier film, Besciglia, qui partage donc avec le protagoniste non seulement les origines mais aussi le pays d’adoption (la Belgique), reçoit en 2014 le World Soundtrack Award à Gand.
Quand il ne compose pas lui-même, Besciglia est aussi arrangeur et chef d’orchestre pour d’autres compositeurs de bandes originales – ce qui l’a amené à collaborer avec quelques grands orchestres comme le Brussels Philharmonic, l’Orquestra Sinfonica Porto et le Japan Symfonia. Il est même allé jusqu’à fonder son propre orchestre symphonique, Prova Symfinoca.
Son ensemble sera composé de Jo Mathieu à la guitare électrique, Rony Verbiest au bandonéon, au saxophone baryton et à l’harmonica et Nathan Wouters à la contrebasse et à la loop station. On remarquera l’absence de batterie et de percussions – celles-ci sont prises en charge par la contrepartie de la bande à Bisceglia : DJ Buscemi. Dirk Swartenbroekx de son vrai nom est connu pour savoir mélanger les styles en live comme sur ses enregistrements. Et lui aussi a un passé commun avec Rocco Granata, vu que le tube de 2011 « O Sarracino » est une collaboration entre les deux.
Pas étonnant donc que Bisceglia et DJ Buscemi n’en soient pas à leur première collaboration non plus. Leur histoire commune débute avec l’album « Jazz Works » en 2008, sorti sur le label Blue Note pour l’occasion. S’ensuivent des collaborations axées sur le cinéma : « L’homme à la caméra » de Dziga Vertov et « Mixed Kebab » de Guy Lee Thys. La première fois qu’ils se sont confrontés à l’œuvre cauchemardesque de Murnau était d’ailleurs en 2017. Bref, ils ont l’expérience et le savoir-faire nécessaire pour vous chatouiller les nerfs d’horreur, voire de bonheur.
Au Cube521, ce vendredi.