Conventions collectives : Le fil du dialogue social reste ténu

Le ministre du Travail, Georges Mischo, a reçu, le 5 novembre, les leaders des organisations de salarié·es pour tenter de renouer le fil du dialogue social sur la question des conventions collectives. LCGB et OGBL parlent d’une rencontre constructive, mais non conclusive, et se montrent « prudents » pour la suite.

Le ministre veut permettre aux délégué·es neutres de négocier les conventions collectives, une ligne rouge pour les syndicats. (Photo : Indosup/Pixabay)

Ce n’est pas l’enthousiasme des grands jours, mais ça va quand même un peu mieux : Patrick Dury, pour le LCGB, et Nora Back, pour l’OGBL, reconnaissent un échange « constructif » avec le ministre CSV du Travail, même s’il n’a pas été concluant. Mais « nous restons prudents pour la suite », confient au woxx les deux leaders syndicaux à leur sortie du ministère du Travail, dans la grisaille matinale de ce mardi 5 novembre. Continuant à jouer la carte de l’unité face à un climat gouvernemental hostile aux syndicats, leur entretien d’une heure était destiné à renouer le fil d’un dialogue social passablement mis à mal ces dernières semaines par des annonces de Georges Mischo. Également sollicité pour une réaction, ce dernier n’a pas souhaité faire « de commentaire à ce stade ». Reçu dans la foulée des responsables du LCGB et de l’OGBL, le président du syndicat de la fonction publique CGFP, Romain Wolff, n’a pas non plus commenté sa rencontre avec Georges Mischo.

L’échange, purement informel, avec Nora Back et Patrick Dury a uniquement porté sur la négociation des conventions collectives dans les entreprises. Le sujet a provoqué des étincelles le 8 octobre, quand les organisations syndicales ont claqué la porte d’une réunion du Comité permanent du travail et de l’emploi (CPTE), consacrée à la transposition d’une directive européenne sur le salaire minimum. Le texte européen recommande notamment aux États membres d’étendre le taux de couverture des conventions collectives en visant l’objectif de 80 % de salarié·es couvert·es. Avec 53 %, le Luxembourg en est loin et figure parmi les plus mauvais élèves de l’UE.

Pour parvenir à cet objectif non contraignant, le ministre veut que les délégué·es du personnel neutres puissent négocier les conventions dans les entreprises, une proposition appuyée par le patronat, qui siège également au sein du CPTE. Georges Mischo avait notamment avancé le fait que 56 % des délégué·es du personnel élu·es lors du dernier scrutin social n’étaient affilié·es à aucun syndicat.

Frieden en pompier pyromane

Pour les organisations syndicales, la proposition est inacceptable alors que la loi leur accorde l’exclusivité de ces négociations depuis près de 90 ans. Ils estiment que cette mesure aboutira à des conventions défavorables aux salarié·es, car les délégué·es neutres ne disposent pas de l’arsenal juridique nécessaire, et, surtout, parce qu’ils et elles dépendent directement du patron avec lequel les négociations devront être menées, dans un rapport de force qui leur sera forcément désavantageux, avec le risque d’être instrumentalisé·es. En outre, estiment le LCGB et l’OGBL, négocier entreprise par entreprise freinera la conclusion de conventions collectives sectorielles, les seules à même d’atteindre l’objectif de 80 % de couverture, selon eux. En cela, ils s’alignent sur les recommandations de l’Organisation internationale du travail (OIT).

(Foto: Ri Butov/Pixabay)

L’épisode est venu jeter de l’huile sur le feu alors que les syndicats sont déjà très remontés contre le gouvernement et sa volonté de réformer les pensions. Le passage en force de Georges Mischo sur l’extension des horaires du travail dominical de quatre à huit heures a encore envenimé la situation. Alors que le gouvernement met en œuvre une évidente stratégie de contournement des syndicats dans sa politique sociale, Luc Frieden est venu jouer au pompier à l’issue d’un briefing de Conseil de gouvernement, le 25 octobre. Le premier ministre chrétien social a insisté sur l’importance qu’il accorde au dialogue social, récusant le terme de conflit avec les syndicats et enjoignant à son ministre du Travail de renouer le fil du dialogue avec les syndicats en les recevant ce 5 novembre. Mais sur le fond du dossier, il n’a pas lâché son ministre, jugeant que les délégué·es neutres « ne sont pas tous des marionnettes de l’employeur ». Quoi qu’il en soit, selon les informations du woxx, Georges Mischo va renoncer à l’idée d’ouvrir les négociations des conventions collectives aux représentant·es neutres. Pour l’instant, du moins.


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