Dans les salles : Les plus belles années d’une vie

Il fallait le faire. Avec « Les plus belles années d’une vie », Claude Lelouch réunit les personnages d’« Un homme et une femme » et leurs interprètes après un demi-siècle. Grâce à une distribution qui brille et malgré les « leloucheries » habituelles, le film touchera autant les nostalgiques que les cinéphiles.

Le monde a bien changé : dans « Un homme et une femme », il n’y avait ni portables ni placement de produit. Mais l’émotion reste. (Photo : Metropolitan FilmExport)

Dans la torpeur de l’été grand-ducal, il n’est souvent pas facile de trouver le film qui aura l’honneur d’une page critique dans le woxx. S’ajoutent aux sorties au compte-gouttes des horaires exagérément estivaux, avec une nette propension des salles à privilégier les superproductions hollywoodiennes. Ainsi va le monde du cinéma commercial. Pourtant, quelques belles surprises se cachent parfois sous des dehors pas forcément attirants. Même si les derniers films de Claude Lelouch n’ont pas enthousiasmé – la perspective d’aller voir « Les plus belles années d’une vie » est à considérer comme une invitation au « Lelouch-Land ». Car, pour peu qu’on ait goûté à « Un homme et une femme », Palme d’or à Cannes en 1966, force est de constater que la mayonnaise prend.
L’idée de départ ? Rien de plus simple : 53 ans après, la femme et l’homme se retrouvent. Lui est désormais dans une maison de repos médicalisée, avec une mémoire vacillante ; elle est toujours épanouie et tient une petite boutique de décoration. Cette deuxième suite (après « Un homme et une femme : vingt ans déjà », pas vraiment bon) bénéficie évidemment du charisme d’Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant. Elle a aussi l’intelligence de se concentrer sur les rencontres des deux ex-amants, sans s’éparpiller, tout en les entrecoupant de séquences issues du film de 1966. L’alchimie fonctionne, d’autant que Lelouch a eu la bonne idée de donner les rôles des enfants à l’actrice (Souad Amidou) et à l’acteur (Antoine Sire) qui jouaient à l’époque. Retrouver le quatuor à cinquante ans d’écart est assez émouvant, qu’on ait vu « Un homme et une femme » à sa sortie ou qu’on ne l’ait découvert que plus tard, par passion du cinéma.
Bien entendu, Lelouch reste toujours Lelouch : la bande-son en forme d’hommage partiellement remixé est souvent envahissante, à croire que l’émotion chez lui doit forcément passer par la musique. Certains dialogues seraient aussi d’une banalité quelquefois confondante… s’ils n’étaient joués par Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant, dont les yeux pétillent à chaque regard comme s’ils avaient avalé toutes les étoiles du cinéma d’amour. Oui, Lelouch reste toujours Lelouch, avec son sentimentalisme parfois exacerbé. Mais le cinéaste reste un directeur d’acteur de talent, et les seconds rôles (Marianne Denicourt en directrice de la maison de repos ou l’apparition surprise bien orchestrée de Monica Bellucci) épaulent parfaitement les deux monstres sacrés du septième art hexagonal.
Certes, « Les plus belles années d’une vie » a peu de chances de séduire un public jeune et friand d’action ou de comédies rythmées. Le film s’adresse aux nostalgiques, à celles et ceux que l’amour à la Lelouch a su marquer et qui souhaitent s’y replonger le temps d’une projection estivale. Pour elles et pour eux, il tient toutes ses promesses. Une heure et demie de tendresse et de nostalgie à l’écran, ça ne se refuse pas. Comme ne se refuse pas l’occasion de revoir des images de la Palme d’or 1966, puisque les salles luxembourgeoises ne sortiront celle de 2019 que le 11 septembre… plus de trois mois après nos voisins français.

À l’Utopia.

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