Dans les salles : In the Heights

Avant l’attendu « West Side Story » de Steven Spielberg, le cinéma étasunien dégaine une autre comédie musicale d’inspiration latino. « In the Heights », adaptée d’une production de Broadway, fait courir un vent de fraîcheur sur le genre… malgré la chaleur torride qui y règne.

Après une année à Stanford, retour en fanfare dans le barrio de Washington Heights pour Nina. (Photo : Warner Bros)

Comme de bien entendu, la séquence d’ouverture présente les personnages qui vont évoluer sous nos yeux. Usnavi d’abord, le narrateur, qui tient une petite bodega dans le quartier latino de Washington Heights et rêve de retourner dans sa République dominicaine d’origine. Et puis Vanessa, employée d’un salon de beauté qui se verrait bien styliste, qu’Usnavi couve d’un regard amoureux timide. Il y a aussi Claudia, l’abuela (grand-mère) de tout le quartier, qui veille jalousement sur sa communauté, ainsi que Nina, revenue pour l’été de ses études à Stanford, et Benny, qui a rompu avec elle avant son départ mais qui semble s’en mordre les doigts. Tout un petit monde qui chante et danse ses rêves, transcendant la pauvreté diffuse, attendant des jours meilleurs. Le décor est planté, tout comme le style : la musique et les textes de Lin-Manuel Miranda convoquent le hip-hop, les chorégraphies de Christopher Scott sont efficaces, la caméra de John M. Chu tourne façon clip vidéo.

De comédie musicale « à l’ancienne », il n’est pas question ici. Tout juste aura-t-on droit à quelques envolées impressionnantes de ballet aquatique ou à un duo amoureux défiant la gravité, tel Fred Astaire dans la scène mythique de « Royal Wedding ». C’est l’énergie qui prime, comme pour montrer en permanence le désir des personnages de se façonner une vie meilleure, qu’elle soit dans ce quartier de Washington Heights qu’ils adorent ou bien ailleurs, là où ils savent que peut-être leur destin les attend. En résultent deux heures et demie de chansons entrecoupées de quelques séquences parlées – mieux vaut aimer le genre avant de s’y aventurer !

Mais pour celles et ceux qui l’apprécient, l’expérience est stimulante. Pas seulement parce que les chansons sont dans l’ensemble très réussies, mais aussi parce que le film plonge son audience dans un quartier fascinant et dans l’histoire de l’immigration latino. Par petites touches, il nous immerge également dans le chaudron du multiculturalisme à l’américaine, avec ses communautés soudées (autant que séparées) mais aussi la méfiance, voire le racisme des unes envers les autres. Oh ! ce n’est pas un brûlot politique, loin de là. Pourtant le message y est, dilué dans le chant et la danse certes, mais suffisamment présent pour engager la réflexion… une fois le maelström visuel passé.

Film d’entertainment avant tout, « In the Heights » ne néglige pas le fond. Son intérêt réside aussi dans le fait qu’il nous présente de nouveaux visages, issus de cette immigration latino qu’il entend montrer à l’écran. Toutes et tous font preuve de beaucoup de talent, tant dans la voix que dans les pas de danse, sur la partition parfaitement rodée de Lin-Manuel Miranda, qui pousse lui-même la chansonnette en sympathique vendeur ambulant. À ce propos, d’ailleurs : une petite surprise est réservée à celles et ceux qui patienteront jusqu’au bout du générique final.

« In the Heights » n’est pas dénué de quelques temps morts, et la réalisation de John M. Chu reste avant tout utilitaire, à quelques rares exceptions près. Mais cette production soignée se tient parfaitement bien pour une cure estivale de chaleur latino.

Aux Kinepolis Kirchberg, Kulturhuef Kino, 
Le Paris, Prabbeli, Scala et Starlight. Tous les horaires sur le site.

L’évaluation du woxx : XX


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