Alors que la ville de Kaunas a publié son rapport sur le deuxième monitoring de la part de Bruxelles pour la capitale européenne de la culture, Esch 2022 est resté muette. Inquiet, le woxx a voulu en savoir plus.
Le monitoring par la Commission européenne est un moment clé pour chaque ville inscrite dans le programme des ECOC (European Capital of Culture) : les fonctionnaires y évaluent les progrès accomplis par les candidates et donnent des recommandations sur le chemin à suivre. Normalement, une telle rencontre est médiatisée – si elle s’est bien passée. Mais alors que la rencontre pour les Eschois-e-s a eu lieu fin mai, pas un mot n’en a été dit. Au contraire, la ville de Kaunas, en Lituanie, a mis en ligne son rapport – en attendant celui de Bruxelles, car il y en a normalement deux, un de la ville et un de la Commission.
C’est pourquoi nous avons contacté la direction d’Esch 2022 pour savoir où en est le rapport et quelles recommandations la Commission européenne a faites pour leur programmation. Dans leur réponse, les responsables évoquent un meeting virtuel qui a eu lieu, côté luxembourgeois, au centre culturel opderschmelz à Dudelange, le 27 mai. Pour Esch 2022, quatre responsables, le président du conseil d’administration, le bourgmestre d’Esch et un-e responsable du ministère de la Culture étaient présent-e-s. Enfin, pour la transparence quant aux résultats de cet entretien, la direction d’Esch 2022 écrit : « D’expérience, la Commission européenne met plusieurs semaines à évaluer notre rapport. Ce n’est qu’à ce moment que nous obtiendrons des recommandations de Bruxelles. À ce moment, nous aurons des informations concrètes et Esch 2022 communiquera là-dessus. »
Esch attend Bruxelles pour communiquer sur le monitoring
Nous avions attaché une deuxième question, concernant le programme de coaching mis en place par Esch 2022 en partenariat avec le cabinet d’audit Ernst & Young (E&Y) pour les porteuses et porteurs de projets externes, qui avait déjà fait couler beaucoup d’encre. Dans leur réponse, les responsables d’Esch 2022 confirment leur vision libérale de la politique culturelle : « L’aspect de la durabilité est une des idées fondamentales d’Esch 2022. En rapport avec les projets, cela veut dire que pour la capitale européenne de la culture, quelque chose qui perdurera après 2022 est créé. C’est pourquoi nous sommes d’avis que les projets doivent se financer d’eux-mêmes dès le début. Mais pour réaliser ces idées, il faut un financement. Pour rappel : Esch 2022 contribue en partie et soutient les porteurs de projets jusqu’à 50 pour cent. La capitale européenne de la culture et les porteurs de projet se partagent la responsabilité financière – une responsabilité avec laquelle ils ne sont pas laissés seuls. Car avec le programme de coaching, Esch 2022 accompagne les porteurs de projets dans leur recherche de moyens de financement et de services. »
Et de rejeter implicitement la faute à l’équipe antérieure, en précisant qu’au début, Esch 2022 souffrait d’un manque « d’expertise interne » qui aurait rendu cette étape nécessaire. Le choix serait tombé sur E&Y parce que la firme aurait présenté « une vision concrète quant à la réalisation d’un tel programme et l’expérience nécessaire ». Bizarre juste qu’on ne trouve pas vraiment d’exemples concrets en cherchant – certes, E&Y fait des études de marché pour l’industrie créative en France, mais de là à coacher des artistes pour mieux vendre leurs « produits »…
Du moins, Esch 2022 certifie que le cabinet d’audit ne reçoit de sa part que des informations « générales » sur les projets. Et que le contrat se terminera en juin. Les porteuses et porteurs de projets ne sont pas obligé-e-s de participer à ce coaching, c’est déjà ça.