Alors que la fréquence et l’intensité des feux de forêts augmentent partout en Europe, les États membres de l’UE se centrent davantage sur des mesures préventives, dont la durabilité à long terme reste toutefois incertaine.
Une partie croissante des fonds européens est utilisée pour lutter contre les feux de végétation et de forêts, aggravés par les sécheresses et les canicules de plus en plus fréquentes. Les États membres utiliseraient ces fonds principalement pour financer des mesures de prévention, tels que la création de coupe-feux ou l’éclaircissement de la végétation, conclut un nouveau rapport de la Cour des comptes de l’UE publié mercredi dernier. Une évolution louée par la Cour, qui voit dans la prévention le premier pas pour défendre les zones boisées des incendies : « Il est important de favoriser les activités préventives, car en misant principalement sur l’extinction des incendies, on ignore des questions telles que l’abandon des terres agricoles et l’expansion des forêts mal gérées, qui entraînent une accumulation de combustibles », note le rapport.
Au total, 62 projets dans quatre pays – à savoir la Grèce, l’Espagne, le Portugal et la Pologne – ont été examinés, alors qu’au moins treize États membres prévoient d’introduire des mesures de prévention d’ici à 2027. Même des « technologies simples », comme l’action de laisser paître les animaux afin de contrôler la végétation, donneraient déjà des « résultats considérables », ajoute la Cour. Sur le terrain, l’impact de ces mesures reste cependant difficile à évaluer : faute d’indicateurs cohérents et d’un suivi suffisant, les résultats des mesures à long-terme ne sont pas connus. Autre problème : les pays analysés ne prévoiraient souvent pas de budgets nationaux pour continuer les projets, qui demeurent alors ponctuels. Les coupe-feux ou le défrichage de la végétation nécessiteraient pourtant un entretien régulier, prévient le rapport. Sans un engagement financier, les actions risquent de ne durer que quelques années.
Le montant total des fonds européens destinés à lutter spécifiquement contre les incendies est « impossible de déterminer », pointe la Cour, en raison du fait que les fonds seraient utilisés contre toute sorte de désastre naturel. Entre 2014 et 2022, « 2,2 milliards d’euros [avaient été utilisés] pour la prévention des catastrophes naturelles, y compris les incendies de forêt, et 0,7 milliard d’euros pour la restauration », indique ainsi le rapport. Selon la Cour, la Commission européenne devrait améliorer le suivi des projets et encourager d’autres États membres à prendre davantage de mesures préventives, vu l’augmentation des feux suite à la crise climatique et la détérioration de l’état de santé des forêts.
Une préparation améliorée
La problématique est connue par le gouvernement, avaient indiqué les ministres de l’Intérieur et de l’Environnement Léon Gloden (CSV) et Serge Wilmes (CSV) dans une réponse parlementaire au député socialiste Mars Di Bartolomeo en avril, et des mesures de préparation auraient déjà été prises. La formation et l’organisation des équipes du Corps grand-ducal d’incendie et de secours se seraient ainsi améliorées, a expliqué Léon Gloden, notamment à travers l’acquisition de la part du CGDIS de véhicules spécialement adaptés à la lutte contre les incendies de forêts. De plus, des points de sauvetage dans les forêts devraient être créés, une mesure prévue dans le nouveau plan d’adaptation aux conséquences climatiques, présenté par le ministère de l’Environnement en février (woxx 1824).
En deux décennies, le nombre d’incendies touchant plus de 30 hectares dans l’UE a triplé, alors qu’au Luxembourg, le Corps grand-ducal d’incendie et de secours a recensé un doublement des feux en 2022. À l’instar de l’ensemble du territoire de l’UE, un peu plus d’un tiers du territoire luxembourgeois est boisé et donc potentiellement menacé par des feux susceptibles d’entraîner des pertes humaines, de biodiversité et économiques. La sensibilisation de la population à ce danger serait incontournable, indique la Cour des comptes, car seulement quatre pour cent des feux sont dus à des causes naturelles. La grande majorité (96 pour cent) des feux sont causés par l’action humaine, « soit délibérément, soit par négligence », indique-t-elle. Au grand-duché, le gouvernement compte poursuivre les campagnes de sensibilisation, ont déclaré Gloden et Wilmes.