Grande Région : Un bol d’air théâtral


Voilà plus de 120 ans que le Théâtre du peuple de Bussang, dans les Vosges, propose en été une programmation variée qui attire les amateurs parfois de très loin. Petite virée aux confins de la Grande Région.

Feydeau et Offenbach sur fond de forêt vosgienne, c’est le joyeux mélange de Bussang cette saison. (Photo : Éric Legrand)

« N’oubliez pas d’éteindre vos téléphones portables, et… il n’y a plus de tarte aux myrtilles ! » Question convivialité, c’est une triste nouvelle que doit communiquer Vincent Goethals, directeur du lieu et metteur en scène de la pièce de ce soir. Car s’il y a bien une chose qui caractérise le Théâtre du peuple, c’est la convivialité : jusqu’à cinq représentations par jour de spectacles variés attirent un public bariolé et populaire, qui pique-nique à la bonne franquette ou se restaure au bar de spécialités locales. Classé monument historique depuis 1976, le grand vaisseau de bois de la salle principale peut accueillir jusqu’à 900 personnes et affiche quasi complet pendant les six semaines de la saison estivale. Sur le fronton de la scène, le slogan humaniste du fondateur des lieux, Maurice Pottecher : « Par l’art, pour l’humanité ».

Si les ouvriers locaux ou les curistes qui venaient prendre les eaux à Bussang ont désormais cédé la place aux spectateurs et touristes de tous horizons, fermeture des usines et des bains oblige, l’atmosphère reste populaire. La programmation de cette saison respecte bien évidemment l’éclectisme nécessaire pour séduire des publics aussi différents. Fermement aux manettes, Vincent Goethals, qui passera cependant la main en octobre, se fend donc de deux mises en scène très contrastées pour les deux créations phares de cette année.

« En dessous de vos corps, je trouverai ce qui est immense et qui ne s’arrête pas » est une pièce de Steve Gagnon. L’auteur québécois transpose « Britannicus » dans un monde ultramoderne, avec un langage cru et des situations qui exacerbent les tensions. Les « fulgurances poétiques » que Goethals aime dans le texte sont malheureusement quelquefois noyées dans une logorrhée verbale un peu longuette, mais la mise en scène inventive et crue permet de maintenir la nervosité jusqu’à l’éclatement final. Un théâtre résolument moderne donc, où certaines spectatrices ont pu s’offusquer de voir des « hommes nus » – certes, mais ici aucune provocation gratuite, texte et mise en scène tissant des liens étroits et consanguins où chaque situation, chaque geste, font sens. En tournée également à Metz en mai 2018.

(Photo : DR)

Moins moderne et plus consensuelle, « La dame de chez Maxim… ou presque ! » n’est autre que la célèbre pièce de Feydeau agrémentée de morceaux d’Offenbach. Personnages nombreux et pittoresques, quiproquos ainsi qu’intrigues amoureuses à tiroirs sont au programme de ce spectacle de près de trois heures où chant et danse s’invitent pour le plaisir de tous. C’est évidemment dans l’esprit populaire et plus facile d’accès que la production précédente, mais tout aussi maîtrisé. Cerise sur le gâteau et tradition, le fond du théâtre coulisse pendant la pièce pour offrir aux spectateurs un petit bout de forêt vosgienne comme décor. Une expérience unique qui vaut le déplacement.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur le Théâtre du peuple, que ce soit sur la programmation diversifiée qui va bien au-delà des deux pièces mentionnées ci-dessus ou sur le fait qu’acteurs amateurs et professionnels s’y côtoient sous l’œil attentif de bénévoles pour la logistique. Nous en reparlerons sûrement, mais en tout cas, un petit tour dans les Vosges est fortement conseillé pour les adeptes grand-ducaux de théâtre d’été qui ne prisent pas la chaleur et l’éloignement d’Avignon.

À Bussang (Vosges), encore jusqu’au 26 août. 
Toute la programmation sur 
www.theatredupeuple.com


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